vendredi, octobre 21, 2005

IMBRICATIONS

C'est parfois déstabilisant, ou réinforçant, de voir comment des éléments éparpillés dans les méandres du 'what I am' peuvent venir s'imbriquer les uns dans les autres pour faire ressortir, l'espace d'un réflexion, toute la dimension de son propre univers intérieur. Et de ce dire que -finalement- tout colle. Que toutes les pièces du puzzle, dans toutes les dimensions, s'imbriquent, quel que soit le sens dans lequel on les prend. D'autant plus déroutant quand cette réflexion part de zéro pour aboutir sur l'infini, un peu comme quand on tire sur un fil qui traîne par terre dans son salon et qu'il vous fait découvrir toutes les poussières cachées sous le tapis.


Folon est décédé hier. Ça produit forcément un petit serrage mélancolique au niveau du cœur. Vous comme moi vous êtes forcément trouvés face à lui a long time ago, tombé poétiquement sur le générique de début ou de fin des émissions d'Antenne 2. Des couleurs oranges et purple, des hommes avec chapeau qui volent sans effort.

Je me suis toujours demandé si son but original ou ultime était de faire voler le Magritte ci-après. Enfin, c'est mon association graphique d'idées qui veut ça.

Mon but initial à moi, c'était simplement de saluer la qualité de son imaginaire graphique dans ce message. Et de partager ensemble une certaine mélancolie, et de se demander comment appréhender le mouvement dans l'absence. La présence de l'absent. Car les hommes volants de Folon continuent de battre des ailes quand le cœur du créateur lui ne le fait plus. La présence de l'absent, c'est un sujet que j'aime bien. Je me rappelle une discussion que j'avais eu avec Alan D., architecte, qui avait réalisé la conception et la réalisation d'une maison très moderne pour un client, avec au cahier des charges la volonté de s'inspirer quelque part d'un architecte japonais dans le travail de fond sur la déstructuration des espaces. J'étais resté fasciné par la place importante que pouvait prendre l'absent, c'est-à-dire l'architecte japonais, dans la relation finalement à trois entre Alain et son client. Une question de point de vue, évidemment. Mais fascinant.

Passer de Folon à Alain est une imbrication de géométrie proche: les parties communes des 2 pièces étant le thème de la présence de l'absent. Pour venir illustrer ce message, je m'étais dit avant de commencer à le frapper que j'allais chercher une image d'un homme volant de Folon, et un dessin de Magritte: imbrication géométrique interchangeable pour moi. Pièces à périmètre équivalent. Et c'est dans Google que je tombe sur une imbrication géométrique aléatoire: les pièces qui structurent d'un seul coup le puzzle complet, toute les pièces, l'espace d'un instant, dans une configuration aux multiples perspectives, comme dans un kaléidoscope.

Si vous tapiez 'Folon’ dans Google Images, vous auriez comme moi trouvé aux hasard des pages le poster suivant, version française de l'affiche promotionnelle du film Stalker (1979) de Tarkovsky. S’il l'a fait, c'est qu'il aimait. Et c'est ici que la pièce s'imbrique, car j’apprécie Tarkovsky, notamment pour sa version en 1972 de Solaris (*1) et de sa version très personnelle du roman des frères Strugatski qui porte le même nom. Pour ceux qui s'intéressent généralement à la Science-Fiction, et plus particulièrement à la fois à la science-fiction soviétique et au cinéma soviétique, je recommande la lecture de cette analyse poussée du film.

La boucle est bouclée, j'arrête un instant de tourner le kaléidoscope: à l'âge où je regardais les hommes oiseaux de Folon planées dans le tube cathodique, Folon déjà travaillait pour des gens qui font partis de mon univers intérieur d'aujourd'hui. L'ayant ignoré jusqu'à maintenant, existe-t-il néanmoins une influence des dessins de Folon que je voyais à 10 ans sur les goûts et couleurs qui se sont amalgamés en moi jusqu'à aujourd'hui ? M'ont-t-ils prédisposé à être qui j'essaye d'être aujourd'hui ? Ont-ils orientés certaines de mes molécules vers les grands espaces?

(1*) Solaris est un pur chef d'oeuvre de Stanislaw Lem, auteur polonais de science-fiction. Un chef d'oeuvre en entraînant un autre, Tarkovsky en a fait un film d'une force dénudée éblouissante. J'ai découvert ce film en 96 à Tokyo, dans sa version originale soviétique, sur les conseils d'un ami designer, pour qui se film dépassait la portée de Blade Runner. Pour qui également Neuromancer de Gibson était l'un des chef d'oeuvre de la littérature de science-fiction du XXème siècle dans le domaine du cyber-punk. Les petites histoires font souvent les grandes émotions. Cet ami me conseilla de bien noter que dans le film, tournée en 1972, Tarkovsky s'était rendu à Tokyo pour tourner une très longue séquence en voiture, les autoroutes suspendues de la métropole japonaise étant -à l'époque- ce qu'on faisait de mieux pour faire circuler l'humanité dans une certaine réalité futurustique des mégalopoles. Encore des imbrications...


jeudi, octobre 20, 2005

PEAU-AIME (1)

Pourquoi que je vis
Pourquoi que je vis
Pour la jambe jaune
D'une femme blonde
Appuyée au mur
Sous le plein soleil
Pour la voile ronde
D'un pointu du port
Pour l'ombre des stores
Le café glacé
Qu'on boit dans un tube
Pour toucher le sable
Voir le fond de l'eau
Qui devient si bleu
Qui descend si bas
Avec les poissons
Les calmes poissons
Ils paissent le fond
Volent au-dessus
Des algues cheveux
Comme zoizeaux lents
Comme zoizeaux bleus
Pourquoi que je vis
Parce que c'est joli.

Boris Vian

mardi, octobre 18, 2005

TODAY


Above animated-gif based on original picture by Blandineh.
Le Design du blog commence à me plaire. Dans le bon sens de l'expression. J'en profite donc pour lancer les amarres, j'attrape un oiseau en bord de mer, lui arrache une plume et la fait mienne. Pas suffisant pour voler. Juste assez pour s'envoler? Et de me demander comment on commence, et de sentir peut-être l'angoisse de JJ Burnel.
"Bonsoir
Ton véhicule n'a pas l'air d'avoir de passager
Peux-tu,
Veux tu me recevoir,
Sans trop te déranger ?
Mes bottes ne feront pas trop d'échos dans ton couloir
Pas de bruit avec mes adieux
Pas pour nous les moments perdus
En attendant un incertain au revoir
Parce que j'ai la folie"