vendredi, juin 30, 2006

DRUGSTORE


Des réalités énièmes me prenaient par la main. Je rejoignais tous ces moi-même qui, confondant mon enveloppe corporelle pour quelque café de bord de mer, s'y inversaient leurs rôles dans un même et unique bouquin. Dans un antre de la nuit à Shibaura, les personnages se révélaient par réactions chimiques, des petits éléphants timbrés qui barrissent sur ma langue, puis me portent sur leur dos vers les pistes de la savane ondulante de Kimonos, de gazelles mimant la grâce neuroleptique d'androïdes fluorescentes, un morceau de vie entre les mains au fond d'une piscine désaffectée, engloutie sous des cataractes de lumière bleue. Au matin, les trains oranges sur la Chuo-line, les couleurs matricielles qui parcourent les arrêtes des porte-bagages, les sièges qui échangent leurs couleurs, les quais de gare qui ondulent du parcours sous-cutané de fluides organiques. Une ville ne vivra jamais plus que la nuit.
Et puis ailleurs les rochers qui se muent en crocodiles, les buissons qui se recroquevillent, leurs feuilles qui deviennent pics, hérissons de l'incongru. Champignons en hallu. Le monde évolue vers le précambrien. Eric a un doigt de pied ensanglanté, qu'il s'est coupé en tapant dans une balle en osier. Sa vie jaillit sur la plage.
Et puis mon corps qui disparait de sa position stationnaire sur l'aéroport d'une chambre de vingt mètres carré, havre de fraternité, quand le Papaver somniferum vous révèle toute la majesté de l'existence de la pensée. Gelal me mime encore comment il allumait ses cigarettes dans le vent des tranchées, devant les corps de ses amis morts soufflés à jamais par celui de la guerre Iran-Irak.
Et puis la poussière d'ange qui brille sur le miroir, qui vous échappe le nez et les gencives, qui vous comprime le fond de la gorge pendant que le reste du monde devient qui vous êtes. Un amour illimité.
Et puis le reste, le sang de la terre, appellation contrôlée.
Et puis, sous les platanes, les boules. Leurs sereines trajectoires.


[Intra-Muros] [6]

jeudi, juin 29, 2006

PEAU-AIME-(17)

Tous ces restes qui me restent de tes restes qu'il me reste.

Tes deux mains sur mes épaules, photo lointaine à Saint-Tropez.
Ton regard fixant le pavé, qui s'éternise d'éterniser.
Les roulettes usées d'un jouet, éléphant la trompe relevée:
"les moins faciles à dénicher" comme tu disais...

Tous ces restes qui me restent de tes restes qu'il me reste,
continueront de me nourrir - par infusion ou perfusions.
Quand un chien errant, affamé, ne s'en ferait plus d'illusion.
Passerait-il par là.


[A mon frère] [Voiker]

PEAU-AIME-(16)

Pas de nouvelles, fausses pistes.
Alors je hais ces bonnes nouvelles
venues haranguer ma cervelle
de leur absence alarmiste.

Et d'en crever à petit feu.
Simulent le beau temps quand il pleut,
dans un pays de sentiments,
dévasté. Dévastés.


[L'attente] [Voiker]

mercredi, juin 28, 2006

MILKY-WAY


C'est dans la fumée des cigarettes que se matérialisent les idées. Et chaque idée me fait penser à un sous-marin illégitime venu croiser dans mes eaux, pavillon étranger flottant au vent de mes étangs privées. Il émerge au travers du tas de feuilles de papier posées là, devant moi, pour une petite traversée illégale de gauche à droite, toujours dans la même direction, toujours à la même vitesse, toujours sur la même ligne… et disparaît comme il était venu, s’effaçant lentement entre les lignes, toujours à la même vitesse, fidèle à sa tradition. Celle du temps qui pèse. Je me demande inlassablement si je ne devrais pas monter à bord, et me laisser emmener. Pour trouver ‘quoi’. Je ne ferme pas les yeux, je le regarde dériver, submersible volontaire dans mes pensées.
Les cendres de ma cigarette s’égrènent sur le plancher, pour venir y former un motif galactique né du hasard de mon interprétation. Celle-ci me semble si calme, si reposée, tel un nénuphar de marécage abandonné. Contraste saisissant avec mon bureau, mes mains, mes pieds, projetés à des milliers de kilomètres à l’heure dans l’un des bras de la Voie Lactée, pour une percussion programmée dans deux milliards d’années. Avec Andromède.
Mes cendres sur le plancher attendent le dernier coup de balai. L’univers a de la suite dans les idées. Tout se fera digérer dans quelque fusion gigantesque du temps, de l’espace et de la matière, à réfléchir. Je tombe sur les genoux, trempe le bout des doigts dans ma bouche, les roule dans cette ébauche cendrée sortie tout droit du catalogue de Messier; privilégié je le suis d’être l’un des premiers à savourer l’expérience de notre propre et prochaine digestion galactique. Un goût amer, aussi difficile à définir que celui que peut donner le mélange dissolu d’un sous-marin avec des feuilles de papier, des cendres, un corps et un esprit pas tout à fait recomposés.
J'écoute enfin mes messages.


[Intra-Muros] [5]

mardi, juin 27, 2006

PEAU-AIME-(15)

Vertige limitrophe d'un doigt qui se coupe sur le verre brisé du carreau de la fenêtre.
Fenêtre qui se brise, apostrophe au dessus des lignes téléphoniques, tu me montres du doigt.
Lignes brisées. Des communications.
Vertige limité. Aux réponses anonymes.
Tout à coup il fait chaud.

Je m'en balance.
Par la fenêtre.
Je neigerai un jour.
Pour l'instant, je pleure.


[Cristaux Liquides] [Voiker]

CHATEAU-D'EAU


Je suis des yeux ce petit sentier qui serpentille, fatigué, et disparaît dans les dunes. Derrière ces petites montagnes volubiles, la plage, le bruit de vagues, les déhanchements de la marée. Tout est si près, ici, là-bas, juste devant moi. Le vent arrache des plaintes résignées aux herbes hautes qui tentent de fixer le sable pour quelques risibles fractions d'éternité. Le sable s'engouffre dans mes chaussures, m'alourdit le pas, me rappelle à moi; je suis venu construire un château, bien loin de l'Espagne, celui-là. Je suis venu bâtir un château. Un château d'eau. Votre esprit lui aussi s'alourdit maintenant, images furtives de champignons démesurés, moulins sans ailes, qui montent la garde de nos garnisons, pour abreuver les gens, laver les voitures, brosser les dents. Lyonnaise des Eaux. Générale des Eaux. Des puits creusés vers le ciel. Quand la plus simple des discrétions eut été la discrétion.
Je suis venu construire un château d'eau, sans pelle, sans seau. Comme un château de sable, auquel je troquerai chaque grain de sable pour une molécule d'O. Bâtir l'imbâtissable, façonner l'infaçonnable, mettre en œuvre l'inoeuvrable, prendre dans mes mains l'immuable. Des tours indétourables, des oubliettes inoubliables, des ponts levis inlevables. ... . Et des fossés infranchissables, comme ceux qui me séparent de ce château. Quand je ferme les yeux, les herbes se taisent, et ses formes se forment lentement. Pourtant. C'est les yeux fermés qu’on voit l'inexistant.
Vous ne me croirez peut-être pas. Vous ne me croirez sûrement jamais. Mais quand je l'ai appelée, elle était dans le métro. Ligne quatre. Station 'Château d'Eau'.



[Intra-Muros] [4]

lundi, juin 26, 2006

DEFINITION


J'aime quand la vérité se présente à moi dans toute la simple brutalité d'une définition sans émotion, sans contreverse, sans prise, sans décoration. Aucune. Et que cette définition n'éveille en moi plus aucune émotion, plus aucune contrariété. Une définition qui appelle en moi un sentiment issue du mélange illimité de la gratitude et de l'humilité face à l'une des maigres fois ou je peux me dire 'je sais...'. Seul assis à une table, sur laquelle trône un bloc de béton. Aux angles parfaits. Je le regarde, et je lui dis: 'tu es un bloc de béton'.
Il ne me répondra pas. Le Monde du mercredi 21 juin de l'an 2006, page 7.


[Recadrage] [1]

dimanche, juin 25, 2006

PEAU-AIME-(14)

Je crois bien que je me suis rencontré, enfin.
Et que nous avançons tous deux vers la fusion.
Certains gémissent de l’avenir, incertain,
cet autre moi n’attends plus que ma décision.
Et inversement.
Disproportionnel.
Aux émotions.

J'aimerais pouvoir quelque fois me rassurer,
me complaire aveugle d'une telle binarité,
me dire que je ne suis pas cet homme en chantier,
qui trouve inutiles les plans qu'on lui a donnés.

Le doute, l'incertitude,
et toutes les molécules associées.


[Chimie de la Liberté] [Voiker]

vendredi, juin 23, 2006

GRIFFONNAGE-DANS-LA-GRISAILLE


C'était tellement plus joli en gris, quand un monde blanchi apparaissait sur fond noirci, des draps qui claquent au vent du premier plan; derrière, une cour de ferme plongée quelques instants dans l'ombre d'une vieille grange, découpée par le soleil rasant toute la fin de l'après-midi. Quand les gens, grisés, teintaient leurs sentiments de clair-obscurs, de vert de gris. Et que tous les chats étaient vraiment gris. Que tout alors semblait uni, à sa place, modeste et dépoli. Une toile cirée sur la table. Carreaux gris, carreaux blanchis. Un pichet d'eau et quelques fleurs, de la même 'griseur' que les dessous de plats, la tapisserie, les chats et les souris, et les sourires aussi.
Gustave Le Gray serait-il pour quelque chose dans l'invention de ce monde-ci, tout en faisant disparaitre ce monde là ? A force de manipuler le Sépia, il paraît que la subtilité des manipulations chimiques peut prendre des couleurs extrêmement variées.
Quand j'étais petit, une partie du monde étaient encore vêtue de gris. Je le voyais bien aux actualités. Gustave, ou un autre, peut-être Nicolas Jacques Conté, avec l'aide éventuelle de firmes chimiques allemandes, s'était sûrement attaqué aux campagnes avant d'arriver à Paris. Il sillonnait le pays, distribuant aux gens des éprouvettes; et ces malheureux les ouvraient; et le gris était remplacé, balaillé, occis. Ou peut-être des avions passaient-ils haut dans le ciel, et déversaient-ils dans les nuages des molécules de couleur qui retombaient avec la pluie. Je me suis rendu compte très jeune que le monde d’avant était dans les tons gris. Les photos de ma grand-mère, couchée sur le gazon devant l'Ecole Normale, en témoigne encore aujourd'hui. Et puis un jour mes parents ont changé de téléviseur. La date concordait à peu près avec le passage du reste du monde en couleurs. Je n'ai pas compris certains choix de Gustave. Mais peut-être n'a-t-il rien imposé, tout au moins dans certains cas; peut-être n'avait-il pas le temps d'expliquer à tous ces gens quelle couleur correspondait à quel gris; à eux d'inventer alors les nuances, les tables de correspondance. Et les gens ont fait un peu tout et n'importe quoi.
Mais les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas.



[Intra-Muros] [3]

mercredi, juin 21, 2006

F-COMME-FAIRBANKS


Je prendrai un avion à Napoléon Bonaparte tout à l'heure. Ou Vercingétorix. Pourquoi Charles de Gaulle. Un avion, c'est beau comme un corbeau, mais en acier; une forme absurde à laquelle on empèche de replier les ailes. La nuit, alignés sur le Tarmac, je vois ces transporteurs qui laissent leurs ailes déployées, comme des oiseaux laissant sécher leurs plumes au soleil de la lune. Sauf que leurs ailes ne sont pas mouillées. Elles sont collées. Il y a toujours aussi une pléthore de fourmies qui s'affaire à leur pied. Des fourmies noires, en majorité. L'une d'elles m'a dit qu'elle venait d'une lointaine 'destination' en plein sur une voie de développement. Venir d'une destination... Leurs ovipares à eux, peut-être qu'ils ne sont pas encore mécanisés. Je l'espère pour eux. J'imagine un gros avion-cargo fait de chair et d'os, qui remonte la garlingue avec ses deux mains avant de se mettre à courir, comme un enfant souléverait sa bouée avant de se jeter dans la piscine. Lui ne tomberait pas dans l'océan, il aurait des plumes sur les bras et aurait couru assez vite pour s'envoler. Là-bas, leurs ailes ne sont pas encore collées.
Je voudrais m'envoler ce soir en Caravelle. Entendre les hélices qui s'élancent dans un air de fanfare, et être encore un voyageur. Partir pour Ceylan, et non le Sri Lanka. Survoler la jungle birmane, pas encore Myanmar. Se poser à Saïgon, et non Ho Chi Minh City, après une escale à Madras, et plus Chennai. Voyager avec des vieilles cartes qui seraient encore d'actualité. Voyager en tapis volant, voyager en noir et blanc. F comme Fairbanks.


[Intra-Muros] [2]

mardi, juin 20, 2006

MESSAGERS-DE-L'ALASKA


Le corbeau de l'autre jour n'est pas revenu m'observer de l'autre côté de la fenêtre. S'il avait su taper à la machine, peut-être m'aurait-il laissé un message. Et lui de sortir son petit rouleau de scotch et me placarder quelques lignes sur la vitre devant mes yeux. Je n'ose en imaginer le contenu; un petit message personnel ? Un hurlement horrifié envers notre civilisation ? J'en entends d'autres, dans la rue, au petit matin, mon café à la main, qui croassent. Peut-être que ce sont des corneilles. Les deux croassent. Les singes parlent eux aussi, tout comme nous, d'ailleurs. D'après les corbeaux. Ou les corneilles.
Les corbeaux me tenaient lieu de réveil matin, à Tokyo. Ils envahissaient les rues au levé du soleil, puisqu’on est au Japon, déchiraient les sacs poubelles pour en autopsier les entrailles. Peut-être cherchaient-ils le bonheur. Leurs croassements déchiraient inévitablement les instants terminaux de mes rêves. Et puis plus rien. Encéphalogramme plat sur ces quelques heures d'évanouissement nocturne.
J'irai un jour en Alaska, traquer ce petit magasin sous la neige, repère des corbeaux imposteurs, bric-à-brac de gadgets pour faire la fête, dans lequel ces croasseurs pour banlieusards qui n'ont pas le chant du coq pour se réveiller, revêtent leurs déguisements de cigogne pour contre-attaquer en hiver sur les cheminées alsaciennes. Je suis convaincu que c'est eux, cette sorte de maladresse dans leurs gestes les trahit aisément.
Je prends mon téléphone portable et je me laisse un message.

[Intra-Muros] [1]

PEAU-AIME-(13)

Comme une bouche mutilée,
les lèvres closes par les gerçures,
comme une statue fatiguée
des changements de température,
comme une toile balafrée,
qui sent grandir ses craquelures,
comme une oeuvre d'art décriée,
par les critiques, leurs vomissures,
comme une digue défoncée,
assauts de la littérature,
comme une porte refermée,
la clef rouillée dans la serrure.

Les regrets du futur m'empêchent d'avancer.


[Immobilité] [Voiker]

lundi, juin 19, 2006

PEAU-AIME-(12)

Ce matin là j'aurai du l'appeler,
ne pas me demander ce que j'avais,
lui dire d'un trait toute la vérité,
lui dire que jamais je n'ai tant aimé.
Quelqu'un.

Lui dire, même si cela ne sert à rien,
si j'ai vieilli seul assis dans un coin
de sa mémoire, les deux mains sur la tête,
dans une classe silencieuse et déserte.
Pour rien.

Apoplexie des souvenirs qui s'émulent incandescents dans l'indifférence du tapis roulant.
Eclats de vie, non-événements, tirages ratés dans la pénombre d'un schizophrène impotent.
Changer le cours du temps. Et.
Partir, à balle réelle,
partir, à bout portant,
ne pas revenir, ne pas en revenir.

[Mémoire de l'inexistant] [Voiker]

dimanche, juin 18, 2006

WARNING

Mise a jour graphique, explosion thermonucleaire, changement d'insecticide, on prend les autres et on recommence. desole pour les imperfections a anticiper dans les jours qui viennent jusqu'a stabilisation des moteurs lateraux.

vendredi, juin 16, 2006

PEAU-AIME-(11)

J’aimerais me retrouver -un jour- dans tes bras,
et que tu m’expliques -un jour- ce que je fais là.
Au stade terminal de la folie douce,
un champ vallonné où la lavande pousse.

Les cigales qui chantent plus fort que moi,
au loin le ciel bleu, une maison, des cyprès.
Et même si, souriante, tu te moques de moi,
si je me moque du cancer qui m’emporterait.

Je veux t’emmener alors dans les interstices
du temps qui sépare celui qui me reste
de tout celui que je te dois.


[Tu comprendras] [Voiker]

PONCTUATION-VITALE

et il y avait un corbeau sur l'appui de la fenêtre de mon bureau ce matin qui frappait la vitre d'un coup sec de son bec encore un qui veut ma place peut-être ou alors m'offrait-il la sienne la pause café-clope assis dans le parc après le déjeuner un oeuf un vrai celui que produisent les frigos s'est écrasé près de moi T-shirt bousillé je ne saurai jamais qui c'est il y a du bon à s'être levé aujourd'hui que la vie est plus courte quand de micro-trucs anodins elle se voit ponctuée

jeudi, juin 15, 2006

PEAU-AIME-(10)

Je me souviens d'un chien, au bord de la route,
L'oeil et le poil humides, baignant dans son sang.
Un autre chien assis, témoin de la déroute,
Lui léchait ses blessures, d'un faux air absent.

Quand le temps s'arrête, au détour d'un virage,
Que tes fractures ouvertes, le silence aidant,
Me tendent ta douleur comme unique héritage,
Tout mon aplomb vacille dans un soupçon de vent.

Mes mots s'échappent enfin, aux abois, errants.


[Fracture canine] [Voiker]

mercredi, juin 14, 2006

ASTRONAUTE

Devenir.

Astronaute.

"Si tous les enfants veulent devenir astronautes, c'est pour se barrer de cette Terre où ils devront vivre toute leur vie..."

Déterré par hasard complet ICI.




"J'ai vomi dans mes cornflakes"
Une production, pas un produit... de Pierrick Servais

mardi, juin 13, 2006

PEAU-AIME-(9)

Des tiges de métal oxydées par l'envie,
dont les lentes rotations meurtrissent -nécessaire-
l'édifice inaccompli d'années de certitudes.

Des flux d'hydrocarbures qui charrient mes varis,
et noient -engloutissent- ce tout petit enfer
qui étouffait déjà sous mille servitudes.

D'une fenêtre d'hôpital j'aperçois -patiemment-
des zèbres bleutés, libres de gravité,
butinant coquillages, souriant poliment,
étanchant leur soif avant de déserter.

Ces jours derniers,
j'étais tellement proche de moi que je me marchais dessus.


[Séjour dernier] [Voiker]

dimanche, juin 11, 2006

GEOMETRIK

Soit [V] un segment de droite, d'origine (N) et de longueur inconnue (même s'il est globalement accepté que cette longueur ne peut excéder 120 unités)
On appelera [C] la vitesse de progression de votre enveloppe corporelle sur ce segment, propulsée depuis le point d'origine à l'instant qui conviendra et sans votre autorisation.
Soit [A], [A'], [A'']... les points d'intersection de tracés pseudo aléatoires [T] (droites, courbes, autre...) avec le segment [V].


(Q1): [ C ] est-elle constante ?
(Q2): combien faut-il de points [ A ] pour estimer suffisante la longueur hypothétique du segment [ V ] ?
(Q3): la forme des [ T ] a-t-elle une influence sur [ C ] ?
(Q4): proposer une alternative au segment [ V ]
(Q5): proposer un sens aux lettres [ V ] [ N ] [ C ] [ T ] et [ A ] à l'aide d'un dictionnaire

vendredi, juin 09, 2006

PEAU-AIME-(8)

Tu n'as pas oublié de te dépêcher, ce matin.
Comme hier, et comme demain.
Il est dit qu'un jour la tour Eiffel disparaîtra.
Je suis mort hier d'un accident dans la toundra.

Amicalement, passé lointain.


[Piqûre de rappel] [Voiker]

PEAU-AIME-(7)

Positions stylisées,
postures en trompe-l'oeil,
postulats défraîchis,
la fraction - la seconde - l'image saute - le déclin.

Echanges tempérés,
écarts de language,
écriteaux usés,
le mauvais temps - les conjectures - les ratures - les défunts.

Je suis ce lacet de chaussure sans fin que ma vie piétine,
qui ne sait où il commence mais s'arrête bien à mon pied,
qui ne sait te parler de ces campagnes divines......
qui l'ont effiloché, usé, détendu, estropié.

[Lassitude] [Voiker]

jeudi, juin 08, 2006

BD-DBD-BILAL

Enki Bilal.

Interview abécédaire.
Extractions piochées dans DBD du mois de mai 2006, spécial ENKI BILAL.

"Serge Lehman [coscénariste de son film Immortel - Ndlr] me parlait de l'incapacité principalement française à considérer la science-fiction comme quelque-chose de noble. Il donne pour cela une explication qui me plaît bien: le côté cartésien du Français a du mal à se projeter dans des époques où il ne sera plus."

"La langue française a énormément contribué à la fabrication de mon style graphique, ça, j'en suis profondément convaincu, tellement convaincu qu'il y a des poèmes, des textes que j'ai lu à l'adolescence, qui ont modifié, quasiment fabriqué mon style graphique."

"Je pourrais jouer l'artiste maudit, raconter ma vie comme certains savent le faire, mais ce n'est pas ma nature. J'ai cette capacité d'être double, comme une sorte d'animal social (certes souvent peu performant et un peu hanté), mais capable d'écouter les gens sans vraiment le faire. En arrivant le matin, dans mon atelier, je suis content de retrouver mes personnages, leur histoire, pas la mienne. Je suis au centre de mon univers, mais c'est lui qui compte, pas moi."

mercredi, juin 07, 2006

CAT-SKIN-JACKET

"Morphéus, relevant la tête de sa table à dessin plasmatique, se demanda si nos vies n'étaient pas dominées par le conflit perpétuel entre instincts et raison. "Est-ce la guerre infinie entre notre cerveau le plus évolué et nos réflexes d'animaux?"
NB: Le néocortex, la partie la plus récente du cerveau, que nous avons en commun avec les plus grands mammifères, a pris chez l'homme une dimension importante."

Ni Voiker ni moi-même ne veulent réellement parler de conflit entre instincts et raison. Je ne sais s'il ne faut pas non plus réécrire le postulat, et parler de conflit perpétuel entre notre instinct (au singulier) et nos raisons (au pluriel), tant il est parfois vrai que l'on cherche des raisons pour atomiser notre instinct, tant il est vrai que les raisons qu'on l'on se donne de finalement 'ne pas faire' n'ont rien à voir avec Notre raison, et le plus souvent rien à voir finalement avec La raison imposée par des conditionnements multiples sociaux et religieux imprimés sur nos circuits neuroniques depuis l'âge tendre et l'âge ingrat.

J'envie parfois les animaux qui n'éprouvent pas le besoin de se poser autant de questions que nous, surtout quand il s'agit de savoir -comble du comble- si mon chat à plus d'un an ou pas, pour savoir si je dois lui acheter un paquet de Friskies pour chat adulte, ou des boites de Whiskas pour chat pré-adulte, tout en devant également me propulser dans son propre cerveau, et d'imaginer s'il les préfère au poulet, au saumon, ou s'il est végétarien, ce con de chat.

Eventually, does the mind rule the body or does the body rule the mind ?

Ce qui est sûr, c'est que les conditionnements multiples cherchent à anesthésier la recherche immédiate du plaisir, et que la plus grande arnaque de cette si jolie civilisation humaine fut et reste encore de nous empêcher corps et âme d'atteindre les plaisirs, quitte à accepter de s'aliéner temporairement durant la durée de totale de la vie à des croyances qui nous inculque le dégoût de nous-mêmes et la culpabilisation continue vis-à-vis de nos faits, gestes et pensées. Comme dit Onfray: "Le monothéisme sort du sable".

Intéressant de se mettre à penser que nous rêvons finalement à plus d'autonomie corporelle, à l'instinct, et que nous faisons un parallèle avec les animaux. L'image finalement est-elle vrai? Les animaux ont-ils la moindre conscience -si l'idée est vraie- qu'ils jouissent mieux de la vie que nous ? La jouissance se trouve-t-elle dans le caractère immédiat et réel de la vie dans ce qu'elle a d'intense et de cruel ? Avoir un rapport sexuel avec plusieurs partenaires dans l'immédiateté et la soudaineté des instincts, avant de se faire dévorer dans la beauté instinctive et cruelle des quelques secondes de confrontation avec un prédateur de rang supérieur ? Ou dévorer son partenaire pendant le coït ? Les animaux au contraire nous envie t'il devant la sécurité de l'emploi ? Devant la sécurisation de nos existences, cette capacité à oublier les dangers du monde, ou à les éviter, pour se permettre une vie à rallonge qui se termine en errance dans les couloirs infectés et désaffectés d'une maison de retraite maudite, sauf par nos propres enfants.

Mon chat se dit-il que je n'ai rien compris à la vie, est-il triste pour moi ou se fend-il ouvertement la gueule (c'est le cas de le dire) intérieurement le matin quand il me voit prendre ma voiture, ou quand il me voit me servir un verre de Martini, un seul, et lui de se demander pourquoi je ne me fais pas vraiment plaisir et ne bois pas la bouteille cul-sec...

D'ailleurs, s'il savait que je préfère les chiens, il se la jouerait plus souvent profil-bas.

mardi, juin 06, 2006

SNAKE-SKIN-JACKET

Lula : This whole world's wild at heart and weird on top.

Sailor: This snake skin jacket symbolizes my individuality and belief in personal freedom.

Voiker: Funny though. When I put it on, I am.




"On apprendra de source sûre dans le néo-libé du 16 septembre 1999, date à laquelle la lune se sépara de son orbite pour plonger dans le fin fond galactique, que l'homme retrouve -au travers des vêtements qu'il porte pour séduire au choix une femelle ou un mâle- ses premiers instincts animaliers, et non le contraire, l'inverse ou le symétrique. L'homo sapiens est en effet le second -après le cochon- à se retrouver dénudé -à cette étape actuelle de l'évolution- signe indiscutable que Dieu nous a sacrifié dès le début de sa partie de strip-poker universel. Soyons patient, lors de la prochaine manche, nous apprendrons comment sa pauvre paire de valets l'a obligé à supprimer les plumes des pigeons et des poulets, et nous vous relaterons également comment certains ont intelligemment entrepris l'élevage industriel des ours vers 2135, après que ces derniers se soient retrouvés sans poil -donc économiquement plus rentable pour la consommation."
Derived from Voiker's comment chez Lambert-Saint-Paul Here

BEAUTIFUL-DEATH

Cross-thema message with Ptary
Je me fais l'écho de la cellule qui se faisait l'écho de Adbusters. C'est une tendance du actuel-selon-moi-world que je repère de plus en plus ici et là, sur papier comme sur le net. La beauté artistique de la mort.

Je transmets, retransmets, amplifie. Texte de la cellule en copy/paste:
Cette image de Cai Guo-Qiang [and then click on Inopportune: Stage Two] illustre un récent article de nos toujours très performants ADBUSTERS. Au titre alléchant: "THE ART OF DYING".... on y retrouve au passage cette petite phrase que je m'empresse de vous traduire: "Les jeunes n'auront pas peur de la mort si les anciens ont assez d'intégrité pour ne pas avoir peur de la leur."
(“healthy children will not fear life if their elders have integrity enough not to fear death.”) - C'est aussi un message pour ton G'dad, Petite Tulipe.

lundi, juin 05, 2006

RUPTURE-CEREBRALE

De la balle.

De la vraie.

On a kiffé grave de chez grave ce week-end. C'était le mariage de mon pôte Pasqual avec sa meuf Marielle dans le Sud (mais elle -elle est du Nord), méga-cool avec le soleil super ensoleillé et tout, et la musique musicale de Ouf avec Serge le DJ. On a super bien bouffé que t'as plus faim après, des trucs que t'imagine même pas que ça existe et que ça pourrait être bon. Que sur le menu, ouais, y'avait des plats qui faisaient trois lignes tellement c'était bon; J'te jure, de la Poêzie, c'est Akenaton qu'a rédigé les menus ou j'y connais que dalle. Même que Patrick (le mec qui fait le baron sur la photo) il était bleuffé, il assurait un max avec sa cravate rouge, que même la p'tite vendeuse de l'espace détente du TGV elle le kiffait grave à l'aller. Mais comme il m'a dit qu'il a un plan B avec la caissière de chez Leclercq en rentrant, une nana culture (physique - elle fait des massages que tu sais plus où t'es après), qu'elle est bien qu'il m'a dit et qu'elle a plein de goût et qu'elle sent la brize marine (il la surnomme Narta, comme les piles mais avec un N). Le rêve quoi.
Pasqual il a super assuré, et Marielle elle était super heureuse. Et nous aussi. Putain des fois tu te dis des trucs cons, que faudrait se remarrier plus souvent histoire de faire des teufs sacom. Bon mon pôte il disait que t'es pas forcément obligé de divorcer pour refaire une fête, mais moi j'dis que c'est pas pareil, parce que y'a une âme quand c'est une fête pour un truc sérieux avec des gens qui sont dans le truc, émouvus à donf.

A refaire, moi j'y retourne. De la bombe les mariages !

vendredi, juin 02, 2006

PEAU-AIME-(6)

Jour après jour.

Jour après jour de verre en verre,
et puis de bars de nuit en d'autres verres.
Les rêves s'évanouissent sans bruit
au bout d'un comptoir ivre d'ennui,
ivre de vin, ne plus se mordre les mains.
...
...
Le rythme régulier des vagues
ne t'a jamais emmené nulle part.
Ces maigres filles que tu entraînes
dans des hôtels de bord de mer,
pour un naufrage en solitaire.
[Jour après jour] [Philippe Pascal] [Marc Seberg 83]

jeudi, juin 01, 2006

MIND-ATTITUDE-JUNE-06

Mise en ligne ce matin du son du mois de juin pour errer sur ce Blog. En juin 2006.

Just play IT loud. And Clear.

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