mardi, juin 20, 2006

MESSAGERS-DE-L'ALASKA


Le corbeau de l'autre jour n'est pas revenu m'observer de l'autre côté de la fenêtre. S'il avait su taper à la machine, peut-être m'aurait-il laissé un message. Et lui de sortir son petit rouleau de scotch et me placarder quelques lignes sur la vitre devant mes yeux. Je n'ose en imaginer le contenu; un petit message personnel ? Un hurlement horrifié envers notre civilisation ? J'en entends d'autres, dans la rue, au petit matin, mon café à la main, qui croassent. Peut-être que ce sont des corneilles. Les deux croassent. Les singes parlent eux aussi, tout comme nous, d'ailleurs. D'après les corbeaux. Ou les corneilles.
Les corbeaux me tenaient lieu de réveil matin, à Tokyo. Ils envahissaient les rues au levé du soleil, puisqu’on est au Japon, déchiraient les sacs poubelles pour en autopsier les entrailles. Peut-être cherchaient-ils le bonheur. Leurs croassements déchiraient inévitablement les instants terminaux de mes rêves. Et puis plus rien. Encéphalogramme plat sur ces quelques heures d'évanouissement nocturne.
J'irai un jour en Alaska, traquer ce petit magasin sous la neige, repère des corbeaux imposteurs, bric-à-brac de gadgets pour faire la fête, dans lequel ces croasseurs pour banlieusards qui n'ont pas le chant du coq pour se réveiller, revêtent leurs déguisements de cigogne pour contre-attaquer en hiver sur les cheminées alsaciennes. Je suis convaincu que c'est eux, cette sorte de maladresse dans leurs gestes les trahit aisément.
Je prends mon téléphone portable et je me laisse un message.

[Intra-Muros] [1]

4 commentaires:

wanchai a dit…
Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
Anonyme a dit…

beau texte , tes cartes collages aussi j'aime bien , et le petit magasin en alaska où il y a des deguisements de fête,

D'Arcy a dit…

Merci pour ce petit souffle de toi, ici, chez moi. A bientôt.

Anonyme a dit…

Super color scheme, I like it! Good job. Go on.
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