Se regarder en face, c'est oser comprendre que le monde est faux. Ce verbe 'oser' définit la limite, la transition, le gouffre. Et le retour en arrière n'est amérement plus possible. Oser, en esprit, c'est à la fois s'ouvrir à la mobilité et la vivacité d'une vision multiple et débridée des choses, mais c'est en même temps se dégoûter de l'action. Et le retour en arrière n'est amérement plus possible.
dimanche, mars 08, 2009
lundi, février 16, 2009
BURNING-FROM-THE-INSIDE-(2) by Voiker
La majeure partie des actions et des pensées qui meublent une vie sont pitoyables, mais ce sont les efforts que l'on fournit pour ne pas voir les choses ainsi qui le sont le plus.
mercredi, février 04, 2009
jeudi, octobre 09, 2008
mercredi, octobre 01, 2008
jeudi, mars 27, 2008
vendredi, mars 21, 2008
mercredi, mars 05, 2008
GRAVAMENTE
Je ne fus pas un touriste. N’en fus peut-être jamais un. En tout cas pas là-bas.
En descendant les pentes de l’Alfama, comme un coquillage qui roule au pied d’une mer en pente de toitures inégales, de couleurs de murs flétries, de trottoirs minimaux, puzzle de petits cubes de pierre couleur crème, de linge qui s’assèche aux fenêtres de vies anodines que je ne connais pas mais qui s’ouvrent sur moi comme si elles savaient que j’avais déjà vécu là-bas ; le cliquettement métallique de l’electrico qui s’amoncelle dans les virages, le bois de l’habillage intérieur de la carlingue, les fenêtres à rabat, la présente chaleur du soleil sur moi. Le vingt-six février de cette année. Lisboa.
Le lieu, et pas seulement cette chambre où nous dormions, ni cette terrasse où nous prenions notre café, ni cette oeuvre au mur à l'hôtel faites de cartes vieillies sur un grand panneau de bois et où nous trouvâmes nos villes natales, ni ce château qui veillait sur nous d’un coin de cil, ni les labyrinthes des ruelles qui nous ligotaient avec le fil dénudé d'un vieux yoyo, ni les quartiers, Chiado, Baixa, Alfama, Belem, s’effilochant sous nos pas qui les distendaient, ni le Tage qui les contenaient et les contiendra comme une ceinture trop bien ajustée sur une tenue débraillée.
Les gens, ces visages qui imposent là-bas leurs pensées à livre ouvert, et pas seulement cette serveuse aux traits de statue grecque qui vous traduira vos cartes en portugais au milieu de la nuit, ni ce chauffeur de taxi qui s’excusera vingt fois de ne pas s’être trompé de Docas, ni ce charmeur de guitare qui vous dira du regard savoir pourquoi vous êtes là et comprendra si bien que vous vouliez tant ce livre qu’il tient à la main mais qu’il n’a pas fini de lire, ni cet enfant, Tom je crois, qui court dans la crypte du Convento da Ordem do Carmo et me prend pour elle quand il s’adresse à moi, ni le visage de cette vieille femme accroché à une fenêtre ouverte à hauteur du mien et qui me jette ses rides comme pour me dire que le temps n’est rien, et qu’il passera, qu’il passe, et que cela ne fait rien. Cela me passera. Ni cette femme de ménage, forte corpulence et peau noire, vétue d’une tunique bleue sur un chemisier rouge, coiffée d'un fin bonnet blanc pour tenir ses cheveux, semblant sortie d’un film de Wim Wenders, qui balaye le sol du Brasileira, vous suggèrant dans l’au-delà de ses gestes toute l’immensité du quotidien ; ni cette femme qui porte à ses lèvres son fume-cigarette, qui regarde droit dans la lumière extérieure en buvant son café, qui se retournera en partant pour me sourire comme pour me dire ‘c’est bien ici, oui’. Ni les deux autres femmes qui lui succéderont à la même place pour accomplir ce même rituel.
Ni l’omniprésence en moi de Fernando Pessoa dans ce café, son café, le Brasileira, ni son omniprésence tout autour de moi.
Les couleurs, et le blanc de nos chemises, le blanc du lait dans ma coupe de champagne, le blanc de la colombe sur le toit au matin, le blanc de la rose unique dans son vase de métal sur le buffet du petit déjeuner.
Toi, qui cours sur les terrasses quand la ville s’extirpe maladroite de son sommeil, toi qui grimpe aux balcons des façades murées, toi qui danse dans les miradouros, toi qui jongle avec des oranges, toi qui serpente ton corps sur les mains courantes au milieu des ruelles en pente, toi qui sait encore l’importance de tous ces instants qui ne servent à rien.
J’ai mis le pied au centre du monde. J’ai encore du mal à assembler les mots exacts pour dire, avec calme, qu’il s’agissait du mien.
vendredi, février 08, 2008
vendredi, février 01, 2008
MYTHIQUE
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...
.... je me suis égarée, peuplade malfamée d'hommes enflammés, j'y suis entrée, ils m'ont tirée jusqu'à la place, par mon voile, croyant me déchirer, peuplade d'yeux de ces dieux égorgés, je me suis égarée, sur le bûcher de leurs âmes apeurées, bien d'autres s'y sont brûlées, j'ai hurlé mon silence, qu'aucun d'entre eux ne puisse l'entendre, je me suis égarée, au milieu d'une cité désertée, peuplade balayée par les ailes d'un condamné, sur mon voile, goutte de son encrier, je me suis égarée, je me donne une place...... un droit de cité...
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.... je me suis égarée, peuplade malfamée d'hommes enflammés, j'y suis entrée, ils m'ont tirée jusqu'à la place, par mon voile, croyant me déchirer, peuplade d'yeux de ces dieux égorgés, je me suis égarée, sur le bûcher de leurs âmes apeurées, bien d'autres s'y sont brûlées, j'ai hurlé mon silence, qu'aucun d'entre eux ne puisse l'entendre, je me suis égarée, au milieu d'une cité désertée, peuplade balayée par les ailes d'un condamné, sur mon voile, goutte de son encrier, je me suis égarée, je me donne une place...... un droit de cité...
[by -DO-]
vendredi, janvier 25, 2008
mercredi, janvier 23, 2008
JULES-PASCIN
"Je suis un maquereau, dit-il, j’en ai marre d’être un proxénète de la peinture... Je n’ai plus aucune ambition, aucun orgueil d’artiste, je me fous de l’argent, j’ai trop mesuré l’inutilité de tout."
[ dernière lettre à Lucy, sa compagne ]
2 juin 1930 - Un peu après quatre heures du matin. Pascin, rentré chez lui, tire soigneusement les rideaux et s'ouvre les veines du poignet. La mort ne vient pas. Alors, exsangue, épuisé, il se pend à la poignée de la porte.
[ dernière lettre à Lucy, sa compagne ]
2 juin 1930 - Un peu après quatre heures du matin. Pascin, rentré chez lui, tire soigneusement les rideaux et s'ouvre les veines du poignet. La mort ne vient pas. Alors, exsangue, épuisé, il se pend à la poignée de la porte.
vendredi, janvier 11, 2008
WEIRD-FISHES-ARPEGGI
In the deepest ocean/ The bottom of the sea / Your eyes / They turn me / Why should I stay here? / Why should I stay? / I'd be crazy not to follow / Follow where you lead / Your eyes / They turn me / Turn me on to phantoms / I follow to the edge of the earth / And fall off / Everybody leaves / If they get the chance / And this is my chance / I get eaten by the worms / Weird fishes / Get picked over by the worms / Weird fishes / Weird fishes / Weird fishes / I'll hit the bottom / Hit the bottom and escape / Escape / I'll hit the bottom / Hit the bottom and escape / Escape
mardi, janvier 08, 2008
lundi, janvier 07, 2008
jeudi, janvier 03, 2008
HAPPY-BIRTHDAY
Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de mon frère.
Cette année encore, il aura quarante et un ans. Cette année encore, les années passent, les années passent et je le rattrape, je le rattrape et je serai bientôt plus vieux que lui, dans moins de deux ans si les années passent encore.
Je fume des clopes à sa place.
J’écris à la mienne.
Rien n'a jamais été Ordre et Beauté, Luxe, Calme et Volupté.
Cette année encore, il aura quarante et un ans. Cette année encore, les années passent, les années passent et je le rattrape, je le rattrape et je serai bientôt plus vieux que lui, dans moins de deux ans si les années passent encore.
Je fume des clopes à sa place.
J’écris à la mienne.
Rien n'a jamais été Ordre et Beauté, Luxe, Calme et Volupté.
jeudi, décembre 27, 2007
N.O.O.T.I. -(10)
La grande majorité, pour ne pas dire la totalité –puisque ceux qui n’en émettaient pas l’idée n’en formulaient pas expressément une autre- des personnes à qui j’ai expliqué être en train d’écrire un roman, m’imaginait –et peut-être alors les ai-je déçus- écrire la nuit.
Je pense que le fait d’écrire un roman ouvre d’abord en eux une fenêtre sur l’image spontanée –enfantine, et pas vraiment réfléchie- de l’univers mythique d’un écrivain, et qu’ils ne conçoivent ce dernier s’adonner à son activité –passionnante- que de nuit et à la lueur d’une bougie. Je pense également que le travail de la pensée maniée d’une façon aussi volontaire qu’au travers de l’écriture s’apparente en eux à faire travailler son imaginaire, et que ce terme s’associe avec naturel aux rêves et à l’inspiration, conforme à cette non-visibilité du monde pendant la nuit qui garantit un travail éclairé de reconstruction du monde par l'esprit –une idée très abrutie puisque la création de l’esprit ne nécessite aucun éclairage, hormis celui directif qui s’apparenterait à une tentative de l’orienter).
Je pense également que l’activité d’écrivain ne peut être considérée par eux comme une activité diurne, tant leur quotidien ne laisse pas de place à la réflexion, d’une part, et tant un quotidien fait d’écriture tel qu’il pourrait le percevoir ne peut se remplir par ce qu’ils estiment probablement être du vide, ce quotidien de l'écrivain ne nécessitant peut-être ni interaction avec autrui, ni déplacement du corps ; l’écriture se doit donc d’être prise sur la partie nocturne d’une vie, celle-ci par définition n’étant ni favorable à la rencontre de qui que soi dans la rue, ni à une quelconque obligation de se déplacer, les magasins et les bureaux étant fermés.
Donnez-moi d'autres raisons multiples pour les comprendre / de les comprendre.
Je pense que le fait d’écrire un roman ouvre d’abord en eux une fenêtre sur l’image spontanée –enfantine, et pas vraiment réfléchie- de l’univers mythique d’un écrivain, et qu’ils ne conçoivent ce dernier s’adonner à son activité –passionnante- que de nuit et à la lueur d’une bougie. Je pense également que le travail de la pensée maniée d’une façon aussi volontaire qu’au travers de l’écriture s’apparente en eux à faire travailler son imaginaire, et que ce terme s’associe avec naturel aux rêves et à l’inspiration, conforme à cette non-visibilité du monde pendant la nuit qui garantit un travail éclairé de reconstruction du monde par l'esprit –une idée très abrutie puisque la création de l’esprit ne nécessite aucun éclairage, hormis celui directif qui s’apparenterait à une tentative de l’orienter).
Je pense également que l’activité d’écrivain ne peut être considérée par eux comme une activité diurne, tant leur quotidien ne laisse pas de place à la réflexion, d’une part, et tant un quotidien fait d’écriture tel qu’il pourrait le percevoir ne peut se remplir par ce qu’ils estiment probablement être du vide, ce quotidien de l'écrivain ne nécessitant peut-être ni interaction avec autrui, ni déplacement du corps ; l’écriture se doit donc d’être prise sur la partie nocturne d’une vie, celle-ci par définition n’étant ni favorable à la rencontre de qui que soi dans la rue, ni à une quelconque obligation de se déplacer, les magasins et les bureaux étant fermés.
Donnez-moi d'autres raisons multiples pour les comprendre / de les comprendre.
Not Out Of The Inn (numéro -10-)
mardi, décembre 18, 2007
N.O.O.T.I. -(09)
Pleurer, non pas de ces larmes tiédies par le petit bout de chemin qu'elles parcourent en glissant, sous mes mornes yeux cernés, solitaires et mendiantes; pleurer de celles inexistantes d'un regard intérieur attardé sur la douloureuse flamboyance des mirages de l'existence au travers du mirage de ce même regard.
Garder ainsi (au minimum) cet oeil impitoyable sur soi-même.
Lire Fernando Pessoa.
Garder ainsi (au minimum) cet oeil impitoyable sur soi-même.
Lire Fernando Pessoa.
"rendre purement littéraire la réceptivité de nos sens; et les émotions, si leur apparition risque de nous amoindrir, les convertir alors en matériau simplement apparu pour en faire naître des statues sculptées en phrases fluides et scintillantes..."
[Le Livre de l'Intranquillité] [L.I. 388]
Not Out Of The Inn (numéro -09-)
mardi, décembre 11, 2007
N.O.O.T.I. -(08)
Je suis arrivé à l'auberge, hier soir, enfin; un 'enfin' que je suis le seul à comprendre et dès lors je ne peux le partager. Je suis définitivement installé de manière temporaire dans une maison que je découvre telle qu'elle fut, telle qu'elle est, selon le degré de rénovation de la pièce où je me trouve, une maison qui s'allonge dans les hauteurs, de la cave jusqu'au second étage, en empruntant un escalier étroit et raide, qui mène jusqu'à ma chambre d'adoption dans les combles pour les trois mois qui viennent. Seul dans une grande maison de bord de mer. Je comble les combles, et le roman que j'ambitionne d'écrire ici comblera quelque chose en moi, avant de peut-être combler un jour quelque chose chez d'autres, ou de combler tout court. Un grand merci et toute ma gratitude à Alain et Stéphanie qui me louent leur maison pendant cette période.
Je continue bien sûr à faire vivre mon WIWILBARYU, mais vous me trouverez plus présent dans le quotidien de cette interlude sur Quelques Matins du Monde, en ligne depuis ce matin.
Plus présent, dans un quotidien à priori absent des lignes de ma main; mais dans la vie peut-on oser faire autrement ?
Je continue bien sûr à faire vivre mon WIWILBARYU, mais vous me trouverez plus présent dans le quotidien de cette interlude sur Quelques Matins du Monde, en ligne depuis ce matin.
Plus présent, dans un quotidien à priori absent des lignes de ma main; mais dans la vie peut-on oser faire autrement ?
Not Out Of The Inn (numéro -08-)
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