vendredi, mars 16, 2007

GRANDS-MOULINS


Avec le respect que l’on doit à une bête de somme qui travailla dans l’abnégation à sa mission puis qui, finalement abandonnée sans somation, finit lentement par se fondre dans le paysage et, sans tituber, s’arrêta de bouger un matin aussi anodin qu’un autre, pour pourrir alors sur pied, laissant vers et morsures infatigables du temps qui passe la ronger jusqu’à l’os ; qui continue, au moment où je vous en parle, de se tenir debout, immobile, endormie dans le renoncement et l’inutilité, laissant admirer ses côtes, ses poutres et ses flancs appauvris comme ces squelettes effrayants qui pendent à côté du tableau dans les classes de sciences naturelles et les facultés de médecine.

Avec ce sentiment insolite et quasi-mystique qui accompagne la découverte de la carcasse d’un dinosaure, dans son intégralité, et dont la taille gigantesque, le volume imposant le rendent presque plus vivant encore que lorsqu’il était encore vivant ; l’observer en tournant lentement la tête, le soleil en contre-jour, et tenter d’en discerner les différentes parties, leurs fonctions oubliées, se rapprocher de la bête qui s’impose au panorama de toute son unité obsolète, fenêtres décharnées, carreaux absents ou brisés, comme des dents qui se déchaussent dans la clarté impudique d’un caveau à ciel ouvert.

Avec cette peur de croiser dans la rue un ancien, qui conserverait sur son visage des stigmates évoquant l’état de conservation du bâtiment, les yeux opaques, la peau desséchée et craquelée du crâne, le visage creusé, tellement creusé que vous y liriez sur les os apparents des mâchoires les peintures rupestres laissées par les jeunes des environs sur les murs efflanqués qui soutiennent encore un peu l’édifice.

Avec la tristesse des 14 juillet, quand nul ne vient déposer de gerbes de fleurs au pied du monument de la mort industrielle, à Marquette. Pas de défilé, hormis celui éventuel des nuages dans le ciel qui laissent traîner leur ombre sur les silos et la minoterie. Pas de musique pour les escorter, si ce n’est celle des cris aigus et des battements d’ailes des mouettes qui jouent entre les péniches croisant sur la Deûle.

Et je me sens aussi inutile et déplacé que Don Quichotte, au pied des Grands Moulins de Paris.



[Intra-Muros] [37]
Mes photos des Grands Moulins de Paris à Marquette (59), ICI

8 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est plutôt bon signe, non?

évolution de style conséquente, dirait-on. what's next to come?

Anonyme a dit…

admirable point commun

shuss

D'Arcy a dit…

GMC> next is The Chaos. Jéjé a pris de l'avance sur moi sur le sujet.

Jéjé> Promis que c'est la dernière fosi que je t'appelle comme ça, Jéjé. J'adore...

Et Chval Noir c'est Sancho Panza ?

Anonyme a dit…

et dit donc, tu serais pas le roi de l'HTML toi ?

D'Arcy a dit…

YES ! CIEL ! SERAIS-Je DEMASQUE ?

Anonyme a dit…

texte fertile
et ces 14 juillet pesant que tous nous connaissons...
amitiés .

Anonyme a dit…

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Anonyme a dit…

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