vendredi, novembre 30, 2007

CHEVALBLANC

S’il vous arrive encore de vous perdre, parfois, si vous trouvez le moyen temporaire d’arriver à cet état d’âme délicat de laisser vos certitudes de côté pour frôler par de nobles sentiments les impressions mélangées du minimalisme des choses et du temps, si votre esprit sait encore s’ouvrir modestement sur la pureté d’une découverte anodine comme un enfant qui croise pour la première fois un merle, un vers de terre ou une limace au fond du jardin, s’il vous reste un soupçon de liberté vis-à-vis de vous-même pour prendre votre voiture et rouler quelque temps, la laisser à l’entrée chaotique d’un champ, et décider de marcher au hasard de la route qui sinue à la lueur du matin entre de vieilles bornes kilométriques que le temps a fait lentement pencher vers une direction que seuls les animaux du coin comprennent un peu, que vous respirez dans l’anonymat complet et libérateur les odeurs d’humus, d’herbe mouillée, du brouillard sirupeux qui se lève, alors peut-être seulement vous rendrez-vous compte que cette croix faussement hautaine et profondément lézardée sur la petite butte du calvaire vibre doucement des milliers de prières que ceux qui s’y agenouillèrent lui confièrent par la pensée, qu'en arrivant au premier village les pavés de la rue faussement principale tentent, si vous les observez longuement, épaule contre épaule, de se rehausser mutuellement pour remplir leur rôle humblement avant le début de la journée, que les fumées qui s’échappent déjà vers six heures du matin du toit des chaumières parfument simplement le temps qui passe, et que le cheval blanc qui feint de ne pas vous attendre à l’entrée du village est autre chose qu’un élément du paysage, et qu’il vous conterait bien d’autres petits poèmes qu’il compose quand il s’abreuve à l’eau du puit, si d’aventure vous vous rappelez que vous saviez parler son langage.
Jérôme Suzatplessy, les doigts sur sa guitare, plus timides peut-être encore que les vibrations de sa voix ou le souvenir que l’on garde pour soi de certains de ses brefs regards, est ce Cheval Blanc qui connaît l’histoire de choses qui ne se racontent que rarement, ou mal, ou pas. Son univers est fait de sentiments et de références qui s’entrecroisent sans se mesurer ni se battre, il parle avec les arbres, étonne par sa simplicité d’enfant, crée en vous des réponses en questionnant lui-même le sens de l’assemblage des mots. Il pourra même vous ramener à votre voiture, sans même connaître le chemin. Peut-être les bornes kilométriques auront-elles changé d’orientation. Dans votre tête, la résonance de ses chansons, de ses mots rien qu’à lui : « le désordre est un départ, est une histoire, est une oeuvre d’art, face au bateau-phare ».

Petit travail au cinquième étage
Voiker au piano, Chevalblanc aux guitares

mercredi, novembre 28, 2007

N.O.O.T.I. -(06)

Le monde que je vis est insipide comme ce monde mort dans lequel je vis. De nos jours:
Tout est art.
Tout est vraiment art.
Tout est vraiment trop tard.

Ne me dites pas que vous ne vous en rendez pas compte.
Même si nous ne parlons pas des mêmes détails.


Not Out Of The Inn (numéro -06-)

mardi, novembre 20, 2007

N.O.O.T.I. -(05)

WW-Wanchai-IF6 le sommeil aidant, et sentant ses paupières plus lourdes que le bois de la table: "Bon alors on fait quoi - in the inn? (nous aussi on veut écrire)" S'offusqua-t-elle poliment...

Petit divertissement en attendant les douze coups de minuit, que j'aime beaucoup (évidemment). Je lance le premier alexandrin sur la table, et tout le monde complète avec sa chope à la main: un seul vers à la fois, interdiction d'écrire un second vers tant que quelqu'un d'autre n'a pas laissé un vers après le sien. Tentons de construire 4 strophes de 4 vers...

Dans l'auberge animée, en silence j'observe (Voiker)
Les regards et capte parfois certains non-dits. (Moon)
Tout le monde, comme moi, attend qu'on le serve (Maximilien)
et nourrit en secret le rêve d'un jeudi. (If6)

Pendant que dansent au mur les ombres des torchères, (Sheppard)
Au menu: décrire les "choses" de la vie ... (Moon)
Ma vie soudain se dévoile plus lente et plus claire, (Voiker)
Un rêve débordant des sonnets de la nuit. (If6)

Sur mon carnet, j'inscris l'instant, ces quelques mots: (Moon)
"Qu'adviendra-t-il demain des rêves d'utopie ?" (Sheppard)
Un lézard saoul s'attable et me tire son chapeau: (Voiker)
"fouille dans ta mémoire, souviens toi qui je suis." (Moon)

Dans l'auberge ravivée par leurs plumes obscures, (K)
Leurs ombres s'affolant sur les plafonds, les murs, (Voiker)
Ceux, égaux, qu'un pareil enthousiasme traverse (K)
Se lèvent et clament en coeur ces quatrains qui nous bercent. (Sheppard)


[MERCI A TOUS !!! Voiker, le premier décembre deux mille sept]


Not Out Of The Inn (numéro -05-)

dimanche, novembre 18, 2007

N.O.O.T.I. -(04)

J'envie ce soir l'assurance dans la voix, la certitude de penser juste, la conviction quasi-religieuse avec lesquelles ma mère ne doute pas une seule seconde que mon projet d'écrire un roman est un doux rêve, que je n'ai aucun talent littéraire et que ce n'est pas avec 'ça' que je vais vivre.

Je sais qu'il est possible de vivre avec 'ça', quel que soit d'ailleurs ce 'ça', même quand parfois certains 'ça' peuvent être durs à vivre. Et si cette envie d'écrire est une maladie que je fais mienne, il faudra bien que tous s'en accommodent; c'est une certitude...



Not Out Of The Inn (numéro -04-)

vendredi, novembre 16, 2007

N.O.O.T.I. -(03)

Le sentiment est très paradoxal, et pourrait se comparer, la chose fut-elle possible, à un bain dans une eau à la fois chaude et froide, un liquide non pas tiède, mais bien une sensation plasmatique qui marie ses extrêmes, cohabitation des températures, sans pour autant les affaiblir l’une et l’autre ; chacun des livres que je lis le soir avant de sombrer dans le noir me conforte dans l’idée que (1) mon niveau d’intelligence, la pertinence de mes pensées et ma capacité de concentration sont à jamais ancrés dans les tréfonds communs à la multitude et que je n’atteindrai jamais par moi-même, et surtout en moi-même, ni les pensées, ni la qualité de formulation des auteurs que je tiens entre mes doigts ; (2) que j’ai la chance d’en être conscient sans aucune aigreur, et dès lors de me consoler par ce privilège dont je me gratifie : celui d’avoir choisi de lire lesdits auteurs.
J’ignore qui du (1) et du (2) symboliserait le mieux l’eau froide, l’autre l’eau chaude.



Not Out Of The Inn (numéro -03-)

jeudi, novembre 15, 2007

EXTRACTIONS-SOIXANTE-HUIT

----- Ryu Murakami / Raffles hotel
----- 1998, Edition Philippe Picquier /\ 1989, Shueisha Inc.

« Je ne crois pas avoir jamais rencontré quelqu’un de triste à Singapour. Ici tout le monde vit sans souci et a le rire facile. Le concept de mélancolie n’a pas pris racine dans ce pays. Ce n’est pas que les gens s’efforcent de ne pas être tristes, c’est plutôt cette émotion-là qui ne veut pas d’eux.»

READ DURING WEEK 42/07
Les autres extractions du livre, ici.

dimanche, novembre 11, 2007

N.O.O.T.I. -(02)

A y réfléchir, rapidement, entre deux arrêts de train (et non pas deux trains différents qui s'arrêtent dans un même champ de vision, mais bien le même train qui s'arrête à deux endroits différents), je pense que la question la plus déplacée que je puisse poser à quelqu'un ou que quelqu'un puisse me poser, se formulerait ainsi: "et toi, qu'est-ce que tu ferais à ma place ?".


Not Out Of The Inn (numéro -02-)

N.O.O.T.I. -(01)

La vie; comme une canne à pêche que l'on sert très fort; très fort entre ses mains.

La rivière. ... Quelle rivière ?


Not Out Of The Inn - (numéro -01-)

NOT-OUT-OF-THE-INN

Le présent de mes pensées, qui vient combler le vide laissé en elles depuis la mise en ligne du dernier texte de mes [Intra-Muros], est habité désormais de lieux et d’instantanés psychologiques que je tente d’articuler les uns aux autres, lascivement et sans pression, en moi, afin de me lancer dans l’écriture d’un texte long, structuré, entier ; un roman. Mon feu vert interne ne devrait plus tarder, les scènes se mettent en place, dérivant comme des icebergs, le moment opportun impunément se rapproche. Ce roman n’aura pas de place sur ce blog ; pourtant ce jardin électronique de mes pensées ne restera pas en jachère, et je souhaite y planter des réflexions, des descriptions, des pensées, sous une nouvelle rubrique dont j’ai choisi l'appellation ‘not out of the inn’.

Not Out Of The Inn: cette appellation symbolise les éléments suivants, agencés dans le désordre de l’ordre hasardeux que mon esprit m’impose :

- traduction bancale et finalement humoristique de ‘on n'est pas sorti de l’auberge’. Cette définition laisse assez d’autonomie et de place pour y traiter, dans la largesse, les sujets évoqués plus haut.

- Pourquoi faudrait-il finalement sortir de l’auberge ?

- Le raté du mot à mot symbolise tout le respect que j’ai à m’autoriser d’avance à ne pas être compris dans cette nouvelle rubrique, et donc vous dédouane également de devoir comprendre ce que je souhaite éventuellement dire. La bonne traduction anglaise de l’expression française étant ‘we are not out of the wood’, je pense pouvoir affirmer qu’une forêt n’a rien à voir avec une auberge, pourtant les deux expressions sont sensées avoir le même sens, ce qui est à la fois compréhensible et inimaginable. C’est cette ambiguïté, qui ramène un champ de pensée dans les limites les plus douteuses de l’analyse, d’un point donné à l’infini, avec les deux sens pouvant mener au grand écart, qui vient donc aussi mimer par l’image mon respect le plus total pour la non-compréhension subtile ou complète entre nous et qui viendra nous rapprocher.

- Le côté socialement chaleureux d’une auberge, le coté sauvagement protecteur d’une forêt.


Not Out Of The Inn - (numéro -00-)
Voiker, le 11 novembre 2007

lundi, novembre 05, 2007

QUINTE+

Alors, pour les gens pressés,
ex-aequo sur la ligne d'arrivée:
4 - 6 - 8 - 10 - 11