vendredi, septembre 14, 2007

LES-AMIS


Même les amis, vous remarquerez; oh pas les vôtres, du moins pas encore. A moins que page après page vous ne vous soyez lentement sentis et laissés pousser des ailes, au sens que vous voudrez, et que vous aussi ne vous soyez élancés par au delà de la fenêtre. Je vous avouerais que plus les journées passent, intemporelles, loin du tic-tac des aiguilles, des aiguillages du quotidien futile et de ses multitudes de choix pris à la va-vite -qui procèdent tous de la même logique de mise en sécurité de ses propres idées, de l’enrichissement fourmilien de son patrimoine, du jugement ludique, dégradé et constant d’autrui (que ce dernier soit côtoyé de près, de loin, ou inconnu tel ces corps et visages qui émergent de ce canon à électron qui bombarde derrière l’écran, ou encore ces inconnus qui se laissent transcrire par d’autres inconnus sur des colonnes de papier), de cette logique qui œuvre à se créer une raison de vivre illusoire et de s’en faire une raison, celle de s’autoproclamer porteur d’opinion, quelle qu’elle fusse d’ailleurs, puisqu’elle ne vient rassurer que soi en flattant l’ego de ce moi qui l’émet et en le rassurant sur l’utilité de celle-ci dans les fonctionnements devenus irrationnels et dérivants du liant social- plus le calendrier s’effiloche lentement dans la fuite chaque jour plus pressée du soleil de ces fins d’après-midi d’automne, et plus la spontanéité avec laquelle je trouvais mes mots semble se cimenter de manière inexorable, et je sais désormais que le corbeau que je suis devenu est condamné diriez-vous, libéré corrigerais-je, à perdre bientôt une vision du monde dictée par son propre filtre linguistique, opaque et maladroit, inadéquat et bancal, inadapté pour exprimer le si peu qui en vaut la peine, inadapté, en ce sens qu’il crée si souvent des sens eux-mêmes inadaptés là où nombre d’entre eux n’auraient jamais dû apparaître ; interprétable.

Même les amis, ces gens que l’on considère comme tel, qui le deviennent le jour où on les rencontre pour la seconde fois, et auquel on greffera devant et pendant un certain temps l’adjectif ‘nouvel’. Ce certain temps qui dépend des gens, cette amitié qui se définit moins dans le regard honnête sur son apport véritable que dans le binôme qu’elle constitue avec le temps, la durée. La seconde fois, moment ou déjà naît la lassitude d’écouter ; l’intérêt, bien souvent difficile à maintenir quand vous osez afficher chez vous certaines constantes car votre situation ou votre discours ont eux la noble qualité de se maintenir, qualité qui sera jugée comme un immobilisme lassant, un manque de nouveauté signe extérieur d’inintérêt vieillissant. Je ne rencontre plus mes amis pour les divertir, pour les surprendre ; la rencontre n’est pas un divertissement, par essence, elle n’est pas un événement extérieur qui vous tombe dessus et dont vous allez optimiser une certain équation dans laquelle vous ferez le quotient du temps passé par le nombre d’informations neuves. Il m’apparaît clairement que la dernière fois digne d’intérêt pour mes amis de me rencontrer fut celle où je leur apparaissais pour la première fois sous mes attraits de plume; Mais ceux-ci n’étant pas volatiles, leur permanence désormais me condamnait.

La solitude, carburant du voyage.
Un voyage incompréhensible et déraisonné tel qu'il est perçu par tous, famille, amis, dans le silence et les non-dits ; je matérialise leurs propres peurs.

Je trottine dans l’herbe, sur le bord d’une route, qui prend la direction que je me suis fixé pour mon dernier vol.





[Intra-Muros] [46]

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Le corbeau est capable de supporter bien des charges (c'est l'architecte qui parle !), ce qui fait de lui un élément si particulier et si indispensable de la construction, quelque soit la construction dont on parle j'entends…
enfin "indispensable ", c'était avant le mouvement moderne qui se passe très bien de lui ;-)…
Bon texte, cher Voiker, qui demande toujours autant d'effort et de concentration aux lecteurs.
A bientôt.

Anonyme a dit…

Je n'arrive pas à me relire dans ta fenêtre, le texte est de la même couleur que le fond

D'Arcy a dit…

St Rich> Pas de problème de mon côté, ni pour te lire, ni pour te relire...

A quand le grand retour de ton côté ?

Anonyme a dit…

superbe , sincère, il y a beaucoup de choses à dire de ces amitiés, être ensemble dans la durée,
j'aime bien cette idée des deuxièmes rencontres, moment où déjà naît la lassitude d'écouter (et de se dire peut-être aussi? )
merci pour les liens voiker , cette nvelle présentation de ton blog et la musique en écoute ,
@+

Anonyme a dit…

retour ? je ne sais vraiment pas...

Anonyme a dit…

A moins que...

D'Arcy a dit…

IF6> Meric pour tes appréciations !

St-Rich> Ne réfléchis pas et dépêche toi !

Anonyme> ... (que quoi ?)

Anonyme a dit…

C'est bizarre ce que tu racontes car mes seuls vrais amis sont précisément ceux avec lesquels j'arrive à passer du temps sans avoir rien à raconter, ceux avec lesquels je n'ai pas besoin de me justifier d'avoir des hauts et des bas. Les seuls personnes que j'essaie d'entretenir avec des histoires sont soit ceux que je cotoie par intérêt, soit ceux qui me cotoient par intérêt. Ils sont nombreux et disparaissent vite, surtout lorsqu'ils voient que je n'ai rien à leur offrir. Cela dit, ces gens ne sont pas mes amis. En tous cas pas encore. Il suffit que l'un d'entre eux me témoigne un vértiable signe d'attention ou que je le fasse moi même. Alors là nous pouvons réfléchir.

Peut-être pourrais tu réintituler ton essai "les faux-amis" ?

D'Arcy a dit…

Anonyme> Mon idée et qu'il n'y a pas de vrais ou de faux amis. Il n'y a que des amis, qui peuvent être dsponible ou non -j'entends capable d'écouter et de nous reformuler-, selon les cas, c'est à dire si le moment se prête, et pour soi, et pour eux. Un ami est un miroir partiel, qui ne renvoit pas la totalité de l'image, mais juste certaines parties, grossies, dégrossies, que l'on ne voit pas toujours lorsque l'on se regarde.

Tout se joue à vrai dire dans la qualité de l'image initiale que l'on peut donner à l'ami, la qualité de l'introspection et sa formulation à autrui.

Mais tout est un leurre, puisque l'on est riveté à sa propre expérience des mots, que chaque mot revêt un sens particulier pour chacun, et que leur assemblage tout autant que les sujets discutés eux-mêmes, pour qu'ils prennent un sens, se doivent alors d'être exprimé dans le grotesque de la simplicité.

Je ne crois pas en la communication orale, pourtant la base même de la naissance du language.

wanchai a dit…

L'amitié? trouver sa concordance avec autrui, en parlant ou en ne parlant pas, en jouant , celui qui accepte l'image que l'on donne de soi et ne la critique pas tout en sachant qu'il y a autre chose derrière de lent et de fragile à decouvrir mais qui va droit au coeur. C'est aussi la présence, le rire, la décontraction, l'être bien ensemble , les facheries, le froid et le chaud parfois aussi,
mais la fidélité à l'ami me semble
essentielle, non?
bisous d'amie à toi.

Anonyme a dit…

grave classe camarade vague froide

D'Arcy a dit…

Wanchai> Merci à toi. Image, Coeur, Fidélité. Programme ?

Horse> A tes souhaits !

Anonyme a dit…

T'es fortiche toi, tu sais ce que pensais le premier homme sur terre...et le dernier dinosaure?
Vraiment je ne veux pas polémiquer sur une incompréhension...je ne parle pas de la même chose que toi...et puis le tout est tout tu vois ce n'est pas une idée que je partage...en plus je m'en tape. ça fait un peu donneur de leçons et je ne supporte pas depuis bien longtemps...restons humble et courtois...bye
jlg

Anonyme a dit…

ouaf ouaf ouaf
c'est qui çuila !
jlg ça veux dire quoi ?

j'ai les glandes ?
j'aime la gaudriole ?
jute de guignol?

ouarf !
molosse blanc
dégage puceau

D'Arcy a dit…

Cheval> Diantre ! De canasson tu deviens mousquetaire !