jeudi, juillet 06, 2006

BOULES-DE-CAILLOUX


La Société Civile Immobilière de mon frère se dénommait 'Silex'. Bertrand adorait les cailloux, et bien malin celui qui saura me dire un jour pourquoi. Quand il se promenait, il en ramassait certains, de-ci, de-là, et les fourraient dans ses poches. Il avait quarante et un ans, le visage un peu décollé, et je me disais alors qu'il cherchait un moyen efficace de garder les pieds sur Terre. S'il avait eu des poches sous les yeux, il les aurait remplies aussi. Et puis récemment j'ai compris. J'ai compris que pour lui, les cailloux c'était comme des boules de neige, des glaçons. Mon frère mettait des boules de neige de cailloux dans ses poches, parce que celles en flocons agglomérés fondaient trop rapidement, dans ses poches et sur les étagères où il les disposait une fois rentré. De cette théorie dont mon frère serait l'initiateur, j'en déduis par la force des choses, celle que l'on ne se risquera pas de remettre en cause, que: sans plan particulier, je m'attaquerai au mois d'août à la construction d'un igloo avec quelques pavés préalablement déchaussés de la voie publique; que les dentelles de Montmirail et toute autre particularité géographique assimilable sont des icebergs qui dérivent sur l'océan de la terre -et je n'ose imaginer vers quelles profondeurs plonge leur partie immergée. Que les racines des arbres sont des coraux auxquels se fixent allègrement vers et vermisseaux. Que ces paysannes qui descendent leur seau au fond des puits sont comme ces marins qui jettent l'ancre de leur bateau avant la nuit. Et Que les cimetières sont des ports. Des ports de détache.
Combien de gens sont partis en voyage, cloutés entre des planches comme dans des containers, après que des grues aux manches retroussées les déposent dans ces fosses de fortune qui ne s'ouvrent que très rarement, pendant les crachins, les orages, les averses. De larmes. Il n'y a jamais eu grand monde dans un cimetière; toutes les bières sont emportées depuis bien longtemps par les flux et reflux de la terre. Comme des barques, elles voguent sous nos pieds, parcourent le monde, dans le calme de notre douce ignorance. Un peu terre à terre, je me disais qu'en certains points du globe devaient sûrement se produire des embouteillages monstrueux. Mais s'eut été oublier un élément essentiel dans mes tergiversations: les taupes.
Ce sont elles qui règlent les problèmes de circulation.


[Intra-Muros] [9]

6 commentaires:

Anonyme a dit…

D'ailleurs, la plupart du temps l’ancrage des mouillages eulériens est assuré par un corps-mort.

D'Arcy a dit…

Mise 'à la terre' alors, de type Lagrangien, nombre de Reynolds, sans parler des turbulences qui produisent une diminution du coefficient de traînée...

J'ai appris quelque chose ce matin, merci beaucoup.

Anonyme a dit…

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