vendredi, novembre 16, 2007

N.O.O.T.I. -(03)

Le sentiment est très paradoxal, et pourrait se comparer, la chose fut-elle possible, à un bain dans une eau à la fois chaude et froide, un liquide non pas tiède, mais bien une sensation plasmatique qui marie ses extrêmes, cohabitation des températures, sans pour autant les affaiblir l’une et l’autre ; chacun des livres que je lis le soir avant de sombrer dans le noir me conforte dans l’idée que (1) mon niveau d’intelligence, la pertinence de mes pensées et ma capacité de concentration sont à jamais ancrés dans les tréfonds communs à la multitude et que je n’atteindrai jamais par moi-même, et surtout en moi-même, ni les pensées, ni la qualité de formulation des auteurs que je tiens entre mes doigts ; (2) que j’ai la chance d’en être conscient sans aucune aigreur, et dès lors de me consoler par ce privilège dont je me gratifie : celui d’avoir choisi de lire lesdits auteurs.
J’ignore qui du (1) et du (2) symboliserait le mieux l’eau froide, l’autre l’eau chaude.



Not Out Of The Inn (numéro -03-)

5 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est ce qu'Eugène Zamiatine compare à la lumière des wagons-couchettes. Il exite trois positions sur la poignée actionnant l'éclairage.A gauche, c'est la pleine lumière, la conscience en éveil; à droite, c'est le noir total, le sommeil profond; au centre, c'est une petite lumière bleue qui éveille la conscience et lui permet d'écrire, c'est la lumière du rêve.
Chacun peut illustrer le dilemme du passage d'une lumière à une autre, du dosage entre une eau et une autre.
Attention tout de même au chaud-froid ! Bien que l'image soit facile, elle peut tout de même exister.
Merci pour votre dernière (et 1ère!) visite.

D'Arcy a dit…

Sheppard> De rien, pour la visite chez toi ! Et merci à toi pour la justesse de tes commentaires.

Anonyme a dit…

La lecture apporte parfois bon nombre de réponses. Des constats qui dans un 1er temps font froid dans le dos . Au second tempo, à la réflexion, si tenté que l'on ai envie de dépasser ça, l'on se détache et arrive parfois à retirer une certaine sensation de satisfaction . Celle d'avoir pu rêver , ou celle d'avoir lu l'avis en vrai, l'explication , selon ....
Suis pas sure d'être claire obscure, l@ si ? non ?

Anonyme a dit…

cette douche (bain) écossaise pourrait aussi être la métaphore de toute création, entre intimidation (conscience de sa propre valeur) et but (vers lequel tendre).

D'Arcy a dit…

Moon> La lecture fait rêver, c'est très juste. A deux niveaux: l'histoire fait rêver (et je n'emploie pas ce terme dans le sens où le rêve générerait de l'envie), et la lecture propulse le cerveau dans un travail imaginatif de construction qui tient du rêve éveillé.

St-Rich> 'intimidation' comme conscience de sa propre valeur. Je n'y avais pas penssé, je n'avais jamais retourné ce mot vers moi-même.