mardi, avril 11, 2006

RPG1: FREEWILL (2)

Libr2.

Arbitr2.
PGT/RPG
Programme des Grand Travaux, Section ReProGramming

Addition suite commentaires sur premier POST thème FREEWILL. Tout le texte ci-dessous est outrageusement puisé dans le "Traité d'Athéologie" de Michel Onfray.

L’appareillage, la technique, la logique, la métaphysique du droit découlent en droite ligne de ce qu’enseigne la fable du Paradis originel : un homme libre, donc responsable, donc possiblement coupable. Parce que doué de liberté, l’individu peut choisir, élire et préférer ceci plutôt que cela dans le champ des possibles. Toute action procède donc d’un livre choix, d’une volonté libre, informée et manifeste.

Le postulat du libre arbitre est indispensable pour envisager la suite de toute opération répressive. Car la consommation du fruit défendu, la désobéissance, la faute commise dans le jardin des Délices, découlent d’un acte volontaire, donc susceptible d’être reproché et puni. Adam et Eve pouvaient ne pas pêcher, car ils ont été créés libres, mais ils ont préférés le vice à la vertu. Ainsi peut-on leur demander des comptes. Voire les faire payer. Et Dieu ne s’en prive pas qui les condamne, eux et leur descendance, à la pudeur, à la honte, au travail, à l’enfantement dans la douleur, à la souffrance, au vieillissement, à la soumission des femmes aux hommes, à la difficulté de toute intersubjectivité sexuée. Dès lors, sur ce schéma, et en vertu du principe édicté dans les premiers moments des Ecritures, le juge peut jouer à Dieu sur terre…

Quand un tribunal fonctionne sans signes religieux, il s’active pourtant en regard de cette métaphysique : le violeur d’enfant est libre, il a le choix entre une sexualité normale avec un partenaire consentant et une violence ahurissante avec des victimes détruites pour toujours. En son âme et conscience, doté d’un libre arbitre qui lui permet de vouloir ceci plutôt que cela, il préfère la violence – quand il aurait pu décider autrement ! De sorte qu’au tribunal, on peut lui demander des comptes, vaguement l’écouter, ne pas l’entendre et l’envoyer passer des années dans une prison où probablement il se fera violer en guise de bienvenue avant de croupir dans une cellule d’où on le sortira après avoir négligé la maladie qui l’afflige…

Qui accepterait d’un hôpital qu’il enferme un homme ou une femme à qui l’on découvrirait une tumeur au cerveau – pas plus choisie qu’un tropisme pédophilique – dans une cellule, l’exposant à la violence répressive de quelques compagnons de chambre entretenus dans la sauvagerie éthologique d’un confinement cellulaire avant de l’abandonner, un quart de son existence, au travail du cancer, sans soin, sans souci, sans thérapie ? Qui ? Réponse : tous ceux qui activent la machine judiciaire et la font fonctionner comme une mécanique trouvée aux portes du Jardin d’Eden sans se demander ce qu’elle est, pourquoi elle se trouve là, de quelle manière elle fonctionne…

Cette machine de la colonie pénitentiaire de Kafka produit ses effets au quotidien dans les palais dits de justice européens et dans leurs prisons attenantes. Cette collusion entre libre arbitre et préférence volontaire du Mal au Bien qui légitime la responsabilité, donc la culpabilité, donc la punition, suppose le fonctionnement d’une pensée magique ignorant ce que la démarche post-chrétienne de Freud éclaire avec la psychanalyse et d’autres philosophes qui mettent en évidence la puissance des déterminismes inconscients, psychologiques, culturels, sociaux, familiaux, éthologiques, etc.

vendredi, avril 07, 2006

RPG1: FREEWILL

Libre.

Arbitre.
PGT/RPG
Programme des Grand Travaux, Section ReProGramming
Et Table Rase pour se débarrasser définitivement du vokable.
De manière générale, le libre arbitre décrit la propriété qu’aurait la volonté humaine de se déterminer librement - voire arbitrairement - à agir et à penser, par opposition au déterminisme ou au fatalisme, qui affirment que la volonté est déterminée dans chacun de ses actes par des forces qui l’y nécessitent.
Se déterminer à ou être déterminé par : tel est tout l’enjeu de l’antinomie du destin et du libre arbitre. Le problème, c'est qu'il n’est pas exagéré d’écrire que le concept de libre arbitre fut inventé pour disculper Dieu de la responsabilité du mal en l’imputant à sa créature. Ceci apparaît avec clarté dans le traité De libero arbitrio d’Augustin d'Hippone, fondé sur le dialogue d’Evodius et d’Augustin. Evodius pose le problème en des termes abrupts : « Dieu n’est-il pas l’auteur du mal ? ». Si le péché est l'œuvre des âmes et que celles-ci sont créées par Dieu, comment Dieu n’en serait-il pas, in fine, l’auteur ? Augustin répond sans équivoque que « Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de mal agir, et par-là même, la responsabilité du péché ».
Tout ceci est d'une mékanique adorable: l'homme est une kréature qui peut se tromper, car son kréateur, dans un élan de bonté, lui a laissé la possibilité d'en faire ainsi: par là-même, se voit expliquée et justifiée l'erreur fatale (pour eux) du tandem Adam et Eve dans la fable de la kréation, et de là démarre la névrose de tout le monde sur l'incertitude de rentrer -ou pas- au paradis qui suivrait la mort. Majiiiiiiiistral.
Ceci impliquant cela, les répercutions sont donc que:
- quand on parle de libre arbitre, on utilise du vocabulaire religieux
- on manipule une invention dont l'objectif est de laisser croîre (à ceux qui y croit) que Dieu reste impeccable (coupable, mais pas responsable, comdab).
Place nette: virer la notion de libre arbitre, ne parler que de choix autonome.
Je rajoute -point of view- qu'en fait, Saint Augustin a purement élucidé le problème à l'envers: je pencherai plus pour une version où "Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de bien agir, et par là même, la responsabilité de la bonne action".

JOAN-OF-ARC

GRAND.
ECART.

Coincé entre deux aspirations, just like being vacuumed by both ends.
On the left, a humble desire to see the access rate of my blog skyrocketing at levels beyond my expectations. On the right, the schizo-wish to have this blog reflect my innerself, without prejudices to the one I love and know the marketing-me.

On the left, pour augmenter le nombre d'accès -tout en feignant de renier une recherche autosatisfatrice de reconnaissance virtuelle, vertueuse, virtuose- il s'agit dès lors de mettre en place son marketing, et de jouer avec les ficelles qui soutendent le 6TEM:
- solliciter d'autres bloggeurs pour faire apparaître un lien à sa propre page, sur le modèle de l'échange équitable,
- positionner son BLOG pour plus de visibilité dans Google,
- créer des liens RSS dans Yahoo! Mypage,
- se faire référencer chez Technocrati,
- j'en passe et des meilleurs.
- La meilleure, d'ailleurs, c'est de 'pondre un papier intelligent sur le mode du "How To" et de le faire référencer dans DIGG, afin de générer du traffic'. Donner donc son point de vue journalistique sur un thème porteur, et avoir un bon design pour espérer faire revenir les internautes plus ou moins régulièrement. Un "How To", C'est ce que je suis exactement en train de faire dans ce paragraphe. Il ne me reste plus qu'à en cracher sa version anglaise, la plonger dans DIGG, et admirer les fruits de mon travail. Je suis le cercle, son début et sa fin, le porc dans sa marre boueuse qui s'y roule, 360° de liberté.

On the right, le désir d'être une étoile noire. Ce BLOG est un journal intime, intimiste, intimidant, d'un nain timide. Non, je suis plus grand que ça.

Now I know how Joan of Arc felt
As the flames rose
to her roman nose
and her Walkman started to melt.
(Morrissey)

ORIGINE


Ligne.
Remise.

Re-mise en ligne, pour achivage, pour mémoire, pour la postérité, de l'image initale de ce BLOG. Avant qu'un crash disque, un défaut de mémoire -de ma part-, une mauvaise manip -encore moi-, ne jette aux oubliettes le graphisme original derrière WIWILBARYU.



Volonté de ma part de venir également illustrer une petite phrase de Walter TEVIS dans "L'oiseau d'Amérique" :

C’est ainsi que finit le monde,
C’est ainsi que finit le monde,
C’est ainsi que finit le monde,
Pas sur une explosion, mais sur un gémissement.

mercredi, mars 29, 2006

STANISLAW-LEM-GONE

Stanislas, ou Stanislaw LEM n'est plus.

Tant pis pour tous, lui et nous et tous ceux qui le liront un jour, dans dix, cent ou mille ans.

LEM était -soit dit en passant- un nom de prédilection pour écrire de la SF; n'est-ce pas l'anacronyme du Lunar Excursion Module...

J'ai découvert LEM il y a une dizaine d'années au travers du film SOLARIS d'Andrei Tarkovsky. J'ai ensuite relu plusieurs fois le livre à différentes époques, pour admirer tant la qualité du fil philosophique qui parcourt le roman, que la noble humilité de la retranscription cinématographique de Tarkovsky. Je me souviens aussi de cet ami japonais qui m'avait dit que LEM dans sa jeunesse buvait jusqu'à plus d'heure avec son meilleur ami à l'époque, Karol Jozef Wojtyla, plus connu sous le nom de Jean-Paul II. Ouverture de l'esprit de l'auteur, qui ne croit pas en Dieu pour des 'raisons morales', mais qui a su donner tant de dimension(s) à ses romans...

De LEM, je retiens des thèmes comme l'incapacité à communiquer entre les mondes, les civilisations, notamment dans 'La Voix du Maitre' et 'EDEN'. Dans ce dernier, LEM y situe la rencontre avec une civilisation très avancée jadis -mais incapable aujourd'hui de s'élever pour nouer un contact avec l'extérieur. Le thème de la civilisation décadente se retrouve également dans divers ouvrages, à différents stades de décrépitude, comme dans 'Fondation d'Asimov' (ou tout commence aux premiers balbutiements de la chute de la civilisation), ou dans 'Navigateurs de l'Infini" d'Ainé ou la civilisation est déjà entrée dans un renfermement sur soi.

DE LEM, je retiens le délire kafkaïen de 'Memoir Found in a Bathtub', qui porte bien la marque au fer rouge des errances au sein d'un système communiste. A rapprocher quelque part de 'La Maison aux Mille Etages' de Jan Weiss (écrit en 1919!) ou 'Troika' des frères Strugatsky, sur le thème d'un roman qui se situe dans les dédales grotesquement effrayants du pouvoir.

Saluer également 'Le Congrès de Futurologie', une oeuvre Dickienne même si les deux hommes avaient quelques problèmes pour se comprendre...

Enfin, mention tout à fait particulière à 'Return from the Stars', un bouquin qui me ressemble.

Comment fait-on pour avoir assez de temps pour se donner le temps de laisser partir son imagination aussi loin ?

Merci à Rod dans le blog duquel j'ai appris la nouvelle.
En savoir plus sur le site officiel de LEM.
En savoir plus chez Wikipedia.

mercredi, mars 01, 2006

RECTO-VER$O

A one Dollar bill.
Au RECTO, le président Georges Washington. Au VER$O, pour les observateurs, vous remarquez sur la partie gauche une pyramide. Pas très américain tout ça. Et de noter également que le haut de la pyramide semble se séparer, voire décoller...

La version officielle explique que "the separated cap of the pyramid, portraying the all-seeing eye, symbolizes that the United States is still far from finished. The Latin phrase Annuit Cœptis (He [God] has favored our undertaking) is located above the pyramid. NOVUS ORDO SECLORUM (New Order of the Ages) is shown on a ribbon below the pyramid. Written at the base of the pyramid in Roman Numerals is MDCCLXXVI or 1776, the year the United States Declaration of Independence was signed.

Adorable version de Vonnegut sur le même sujet: "s’ils examinaient leurs billets de banque, pour y découvrir un indice des buts que poursuivait leur pays, ils voyaient apparaître, au milieu de diverses autres formes baroques, le dessin d’une pyramide tronquée, surmontée d’un œil brillant. Le président des Etats-Unis lui-même aurait été fort en peine de dire ce que cela pouvait signifier. C’était un peu comme si le pays déclarait à ses citoyens : « La force est dans l’absurdité ».


END OF TRANSMISSION -----

mardi, février 28, 2006

MON-GRAIN-DE-SABLE

Compter.
A raison d'un chiffre par seconde.
Si vous vous mettiez à compter de un à un milliard, le tout en continu, vous y passeriez 32 années de votre vie. Admettons quand même que vous dormiez huit heures par jour; cela ralongerait le temps nécessaire de dix ans. On n'a pas l'habitude de se rendre compte réellement de ce que sont concrètement les grands nombres.
On s'imagine les connaître.....un milliard, ce n'est pas un [1] suivi de neuf [zéro]. C'est 42 ans de vie les yeux ouverts, si on prend pour unité la seconde. Des secondes qui s'écoulent, des grains de sable qui déroulent, et s'agglutinent dans le fond du sablier.

J'enchaîne: la voie lactée est estimée contenir cent milliards d'étoiles. Cent milliards de soleils comme le nôtre. On estime également que l'univers contient cent milliards de galaxie. Qui arrive à saisir toute la dimension du produit du premier par le deuxième? J'ai entendu dire (et j'ai vérifié les calculs) que ce nombre équivaut en gros au nombre de grains de sable nécessaire pour recouvrir la totalité de la superficie de la France d'une couche de sable d'un mètre d'épaisseur. Arrétez-vous ici un tout petit peu et imaginez cette couche de sable. Puis faites quelques pas dehors, regardez autour de vous, et imaginez ne serait-ce que la quantité de grains de sable qu'il faudrait déjà pour recouvrir votre petit quartier.....

Quand je me promène comme ça, dans la rue, en imaginant les grains de sables, ceux qui comptent le temps, et ceux qui couvriraient la route, je ne cesse de penser à tous ces gens prétentieux qui s'imaginent faire partie d'un MASTERPLAN déiste. Comment peut-on être aussi prétentieux, et croire que l'existence humaine a sinon de l'importance du moins un sens, quand on est rivé sur un pauvre électron qui gravite autour d'un grain de sable insignifiant.

END OF TRANSMISSION -----

vendredi, février 24, 2006

LA-FRAISE

On peut pas gagner à tous les coups.


Ni du premier coup.

Enfin, si on pouvait gagner de temps en temps, ce serait pas mal, rassurant quelque part.
Je vous conseille un petit passage sur le site de lafraise.com ICI. Vous avez la possibilité de soumettre vos propres design de T-shirt, moyennant le respect des règles du site, et une capacité non-négligeable à savoir manier Illustrator. Les meilleurs propositions retenues sont choisies par vote des internautes et ensuite reproduites (pour de vrai) en tirage limité de 1000 exemplaires. Le seul obstacle à surmonter, c'est la pré-sélection des graphismes. Je me suis beaucoup amusé en janvier, à créer une dizaine de propositions, mais aucune -hélas- n'a passé le cap de la pré-sélection.
Pour ne pas rester entièrement dans la poubelle de l'oubli, je vous offre ci-dessous mes 2 travaux préférés. Je peux comprendre que cela puisse ne pas plaire à tout le monde. Même si je peux pas gauffrer Fogiel.



PROGRAMME-DES-GRANDS-TRAVAUX

Petite introduction à deux grands projets que j'ai en tête, et dont les réflexions de la phase préparatoire touchent à leur terme. Lancement bientôt de deux nouvelles sections dans ce blog, qui en compte pour l'instant six.

Si vous comptez avec moi, ça fera huit.

N-2PK
Le premier projet, thème d'action qui ne se bornera pas à une simple réflexion, s'intitule N-2PK, pour No-Plastik-Projekt. Je ne vais pas résumer dans ces quelques lignes la philosophie, vous la découvrirez sur la future nouvelle page. L'objectif final est simple, la marche à suivre sera longue et probablement problématique par moment. Le N-2PK a pour objectif de supprimer tous les objets en plastik chez moi. Vaste programme, sûrement très con. Aucune considération écolo derrière. Alors pourquoi supprimer le plastik ?

RPG
Le second projet, baptisé RPG -ReProGramming- a pour objectif d'identifier un maximum d'idées, de concepts, de croyances, de vocabulaire, qui sont imprimés dans mes circuits et qui -non seulement- faussent la compréhension du monde, mais -de surcroît- paralyse la possibilité d'envisager les choses autrements. Opération place nette, dégager les environs pour apercevoir un jour l'horizon.

END OF TRANSMISSION -----

jeudi, février 23, 2006

NEWS-MAP

C'était tout de même plus simple il y a 50 ans.

Pour se tenir informé, on ouvrait le journal. Pas de raccolage informatif multiple et répétitif de la télé, de la radio, des différents journaux et des infos en ligne sur Internet. Car aujourd'hui, quel que soit le média, l'info est la même, les sujets sont les mêmes. Comment se fait-il que la multiplication des médias rime avec uniformité des débats ?

Pour ceux qui, comme moi, préfèrent les représentations graphiques, et qui souhaitent passer le moins de temps possible pour se tenir un minimum au courant de ce qui se passe dans le monde, le site Newsmap est un incontournable. Jugez par vous même ICI. Vous pouvez choisir votre pays, voire même le thème qui vous intéresse (environnement, technologie, etc.), et vous obtenez une représentation graphique proportionnelle de ce qui fait l'actualité du jour. Newsmap détermine l’importance médiatique relative de chaque événement (le nombre d’articles qui lui sont consacrés) et crée une brique d’info en conséquence.

L'intérêt ?
Découvrir le poids relatif d'une info par rapport à une autre, et comprendre qu'est-ce qui fait l'info dans tel ou tel pays. Bien sûr.
Mais surtout...
comprendre ce que les journalistes estiment -à votre place- comme étant important ce jour-là.
comprendre ce que les sources émettrices de l'info estiment -à la place des journalistes- comme étant important ce jour-là.
la source manipule le transmetteur qui manipule le récepteur.
ça coule de source.
END OF TRANSMISSION -----

mercredi, février 08, 2006

RELICON

Fichtre !

Je ne m'attendais pas à ce que l'actualité se fasse flasher à plus de 180km/h sur mon autoroute de la Connerie Humaine. (pour ceux qui ne suivent pas, click HERE).
Je suis sûr au moins d'une chose en ce 8 février: ne pas être le seul à penser et clamer que la religion, c'est un virus qui rend dangeureusement con. Non content d'être tous des cafards sur la planète terre, une énorme majorité d'entre nous l'ont chopé.
Ci-contre, clin d'oeil de Charlie Hebdo qui excelle dans l'art de résumer un débat par simplication à l'extrème évidence.

END OF TRANSMISSION -----

vendredi, janvier 27, 2006

PHILIP-KINDRED-DICK

Un Long.
Voyage.

Un long voyage qui prend fin. Jamais facile de poser le pied sur la terre ferme quand on descend de l'avion en ignorant où on s'est posé, puisque l'objectif du voyage n'était pas la destination, mais le voyage en lui même.



Difficile à croire, peut-être, qu'on puisse prendre un avion avec comme destination sur le billet le mot 'OPEN', en se disant que le plus important, dans tout ça, c'est les instants qu'on passera dans l'avion et pas la destination. Car le voyage fait la destination, si le pilote n'existe pas, si l'avion c'est soi, et si on se pose quand il n'y a plus de carburant (et Personne n'atterrit d'ailleurs au même endroit dans ce genre de cas).

Monter à bord d'un livre, se faire emmener loin, très loin. Et quand je termine le livre, où ai-je atterri ? A quelle distance de moi-même me suis-je propulsé, sans possibilité (ni volonté d'ailleurs) de retour en arrière ? Le fin du fin en science-fiction: des voyages, one-way ticket, faits pour exploser ses propres limites et s'affranchir de manière permanente des barrières et des frontières d'un mode de réflexion et d'une appréhension du monde bétonnées dans des règles imposées et régies par des systèmes civilisateurs qui droguent l'humain voire le lobotomisent, le zombifient pour l'empêcher de voir les murs du labyrinthe que certains ont construits et continuent de construire, sans aucun plan précis. Un labyrinthe où les gens errent, idiots accaparés par le culte du 'moi-je' auto-défensif, inconscient de l'absence de leur capacité d'ouverture, pour mieux infliger aux autres une parodie de leur propre image dans tout ce qu'elle a de décidée, de mature, de confiante et de supérieure. Des systèmes qui se percutent de plus en plus violemment dans un environnement léthargique globalistique où domine un monde de pensée fondamentalement encré dans la non remise en question des règles civilisatrices, mettant dès lors au grand jour la présence quasi-planétaire de la non-réflexion sur les fondamentaux d'une société équilibrée qui réponde aux aspirations les plus simples de toutes les espèces, y incluant nous mêmes, cafards humains.

Je viens de terminer le 35ème et dernier (pour moi) roman de science fiction de Philip K. Dick. Un long voyage, entamé par hasard par le visionnage de Blade Runner en 1984. Je me sens seul, même s'il me reste encore deux ou trois romans traditionnels non-sf de l'auteur à lire, et les morceaux disponibles en langue anglaise de son Exégèse. Ce parcours se termine volontairement par Robot Blues, 'Do Androids Dream of Electric Sheep', histoire de refermer proprement le cercle à l'endroit même où je l'avais commencé. (Blade Runner est l'adaptation de ce roman).


Que m'a apporté ce voyage ?
Une violente déstructuration de mon mode de pensée: j'étais un terreau propice, je suis un logiciel bipède auto-adaptatif de remise en question. Je m'exténue à discerner les molécules qui forment le distributeur de boisson pour discerner, au travers, le mur sur lequel il est adossé, pour voir les molécules du mur, pour voir au travers les molécules de la rue derrière le mur. Et ainsi de suite, comme dirait Vonnegut. Je suis devenu un anti-saint-thomas, son négatif, Ctrl+I sous Photoshop, je veux être certain de voir pour être sûr de voir ce qui justement n'est pas, ce qui prétend être, ce qu'on veut tellement que ce qui n'est pas fusse. Dans la parodie de civilisation qui nous fournit le couvert, le lit, la télé et les panzanis, ce qui est n'est pas. Il ne faut pas seulement le savoir, il faut le voir. Il faut le voir pour y croire. Un puit sans fond.
Je ne prends aucune décision le jour même, je cherche toujours un troisième angle de vue dans les sujet de discussion; et surtout, je remets en cause systématiquement mes opinions lorsque celles-ci me semblent absolument convaincantes pour moi: si elles le sont, c'est qu'elles ne sont pas de moi, mais me sont imposées par un schéma de réflexion superficiel émanant soit des couches récentes de propagande qui sont venues se déposer sur mes circuits, soit du tiroir à 'short-cuts', tellement facile et soulageant parfois encore.

Voiker ?
Où tu veux en venir, en fin de compte ?
- Je suis juste en train de me frapper la tête sur le Tarmac.


jeudi, janvier 26, 2006

jeudi, janvier 19, 2006

POURQUOI-QUE-JE-LIS

Cross-thema message also duplicated in Voiker

Science.

Fiction.
Science-fiction. David me demande de lui conseiller un ou des bouquins de SF pour qu'il tente de goûter au plaisir de ce genre littéraire.



Je suis sûr que certains s'arrétent déjà sur l'adjectif 'littéraire', neurologiquement bloqués et incapables de concevoir que la SF puisse faire partie intégrante de la Littérature.
Donner un tel conseil est loin d'être facile: plus on connaît un sujet, moins on le connaît. Je ne suis ni un spécialiste, ni un expert. Je suis juste un ardent lecteur. De SF. Avec à mon passif trois plantages: par le passé, j'ai offert du Lovecraft à un ami, et j'en ai plus jamais entendu parler. A deux autres amis, je leur ai mis dans les mains 'Substance mort' [A skanner Darkly / sera porté à l'écran courant 2006, avec Keanus Reeve)] de Philip K. Dick; aucun des deux n'a passé la barre fatidique de la 40ème page.

Je résumerais ainsi les questions:
1) peut-on se lancer quelqu'un dans la SF les yeux fermés ?
2) faut-il conseiller un grand classique, ou une perle rare ?


1) Ouverture des yeux (avec une lame de razoir, comme dans 'un chien andalou')

Def-one (Ayerdhal) : « La science-fiction est un puissant outil pédagogique, un véhicule idéologique non négligeable et la plus riche expression de l’imagination créatrice.»

Def-two (Alain Pelosato) : « La science-fiction est le moyen le plus fantastique de traiter des problèmes de société et d’éthique, des questions liées à l’avenir de la civilisation, de l’évolution des sciences et des technologies. »

Def-three (Norman Spinrad) : « La science-fiction est l’ensemble de ce qui a été publié sous le nom de science-fiction. »

Def-four (Philip K. Dick): « Maintenant, disons que tous les romans de science-fiction contiennent en eux un monde imaginaire. Ce monde imaginaire, arbitraire, aura une forme de relation avec la réalité dans la mesure où il s'est développé à partir de la réalité, de l'observation de la réalité, de certaines tendances de la réalité. Il contiendra des éléments qui sont observés sous une autre forme dans la réalité... Et quand quelqu'un lira le livre et saisira l'image de ce monde, cela lui donnera une vision plus pénétrante de son propre monde, de lui-même, et de la relation entre les deux. D'une certaine façon, cela ajoutera quelque chose à sa capacité d'affronter la réalité, non pas en offrant des réponses toutes faites mais en augmentant ses possibilités de compréhension, ne serait-ce qu'en lui donnant une fléxibilité d'esprit qui lui permettra de faire changer les choses.»

2) MES cinq (histoire de se limiter) grands classiques avant de creuser vos propres tunnels dans la science-fiction:

A) Isaac Asimov: 'Fondation'
B) Arthur C: Clarke: 'Rendez-vous avec Rama'
C) Philip K. Dick: 'Ubik'
D) Stanislaw Lem: 'Retour des Etoiles'
E) Clifford D. Simak: 'Demain les Chiens'


(OK, je sais, j'ai vraiment pris AUCUN risque).
Pour les perles rares, citons par exemple tous les autres bouquins écrits par les cinq auteurs sus-mentionnés.
Et 'Flatland' de Edwin A. Abbott.
Rien que ça, je pense, devrait vous occuper pendant a little while.



mercredi, janvier 18, 2006

FIGHT-CLUB

Un long texte et un gros clin d’œil à Alex, qui m’avait conseillé de visionner Fight Club.
Ok, ok, c’est une bonne prod. américaine, avec les bons acteurs, dans les bons décors avec les bons effets spéciaux, et le message hyper-clair, histoire d’être sûr que les mange-burgers puissent dormir sans se poser de question quand ils ronflent l’esprit léger et l’estomac dilaté.

Ceci dit…


12 heures après mon retour d’Inde, je loue le film qui vient s’imbriquer en moi (voir IMBRICATIONS) avec des messages taylor-made pou mes synapses. Outre le laïus sur le syndrome IKEA, succulent (voir 7 DAYS IN INDIA), je m’imbrique dès ma descente d’avion dans le clin d’œil aux vaches indoues, dans le single-service life-style, dans les accidents d’avion.


Ci-dessous : Petit pot-pourri extrait du film


SINGLE-SERVING LIFE-STYLE

Pacific. Mountain. Central.
Loose an hour. Gain an hour.
This is your life, and it’s ending one minute at a time.
You wake up at Air Harbor International.
If you wake up at a different time, in a different place, could you wake up as a different person ?
Everywhere I travel, tiny life. Single-serving sugar, single-serving cream, single pat of butter. The microwave cordon bleu hobby kit. Shampoo-conditioner cambos. Smple-package mouthwash. Tiny bars of soap. The people I meet on each flight, they’re single serving friends. Between takeoff and landing we have our time together. That’s all we get.

Ndlr : Hier soir, je comptais le nombre de coups de tampon sur mes passeports: 233 vols internationaux. 99% de vols entre la France et le Japon, la Corée et la Chine. En moyennant le tout à 10 heures de vol par vol, et en divisant par 24, ça fait une centaine de jours passés dans l'avion... 3 mois dans les airs... et je compte pas les vols intérieurs en France, les vols sur Genève, et les vols intérieurs à l'étranger.
Dans un de mes tiroirs de bureau, j'ai ramassé ce matin 139 boardings pass, dont la moitié en EasyJets vers la Suisse.... Mais des vols d'une heure, ça compte pour du beurre....


RECALL

On a long enough time line, the survival rate for everyone drops to zero.
I was a recall coordinator.
My job was to apply the formula.
Take the number of vehicles in the field, A.
Multiply it by the probable rate of failure, B.
Then multiply the result by the average out-of-court settlement, C.
A times B times C equals X. If X is less than the cost of a recall, We don’t do a recall.

Ndlr : ça va vous faire marrer, mais ça fonctionne réellement comme ça dans l’industrie automobile (and I know what I am talking about…) et dans des tas d’autres domaines. L’équation qui tue : si le coût de prévenir le mal est supérieur à celui statistiquement envisageable si tu as vraiment un grave problème, alors surtout tu ne fais rien. Si c’est le cas inverse, tu anticipes le problème et tu en profites pour lancer une campagne publicitaire d’information sur le professionnalisme de ta société.


ILLUSION OF SAFETY

Everytime the plane banked too sharply on takeoff or landing, I prayed for a crash or a midair collision.
Anything. Life insurance pays off triple if you die on a business trip.
An exit-door procedure at 30.000 feet. The illusion of safety.
You know why they put oxygen masks on planes ? Oxygen gets you high. In a catastrophic emergency, you take giant panic breaths. Suddenly you become euphoric, docile. You accept your fate.
Emergency water landing, 600mph. Blank faces. Calm as Hindu cows…
- What do you do for a living ?
- Why ? So you can pretend you are interested ?

Ndlr : Prendre l'avion. J'en ai plein les bottes. Je croise les bois et je touche du doigt, en tappant ces lignes. Même le concorde s'est planté, alors pourquoi pas mon prochain vol, hein ? Ou le tiens ? non ?

L'Emergency Flight Card dans Fight Club (click HERE si vous en voulez plus) souligne brillamment la pseudo-réalité dans laquelle on nous fait vivre et circuler. Une fois sur 3, je me réveille en sueur dans l'avion parce que j'étais en train de rêver qu'on se plantait. Pourtant mon ex-boss m'a expliqué long time ago que lors du décollage et de l'atterrissage, à moins d'oublier de lever l'appareil ou de rater la piste, les forces extérieures étant si forte sur la carlingue, il est quasi-impossible de crasher l'appareil. Le seul endroit délicat dans un vol, c'est quand le pilote change de vitesse 5 à 10 minutes après le décollage: s'il rate la manœuvre, les moteurs se coupent, et là tout est terminé. Vous ferez attention la prochaine fois, en fin d'ascension: pendant une trentaine de seconde, on ne les entend plus, les moteurs; seul le bruit du vent à l'extérieur vous remplit les oreilles...

" j'aimerais faire comme tout l'monde,
trouver ça naturel,
d'être expulsé d'une fronde,
jusqu'au milieu du ciel.
Qu'elle parait minuscule
cette piste en béton,
j'ai peur de l'avion... "
(F. Cabrel - La chanson HERE)

J'avais prévu de me payer pour Noël un bouquin sur la manipulation qui est faites de la 'non-catastrophe'. On nous fait croire que tout est 'safe' en ce bas monde. On sait très bien que l'A380 se plantera un jour... mais surtout chasser l'idée (anti-commerciale, non ?), nous laisser vivre dans un monde aseptisé où la mort n'existe plus, non. On disparaît de vieillesse, et tous les autres n'ont vraiment pas eu de pot. Il fallait le commander, ce livre, et comme je m'y suis pris trop tard (pas le genre de bouquin qu'ils laissent traîner dans les rayons, à la FNAC ?!), ce n'est que simple partie remise pour moi: "l'Accident Originel" de Paul Virilio, Galilée, Paris, 2005, 168 pages, 24 euros. Surtout, Lire HERE.


WE ARE BY-PRODUCTS

I had it all.
I had a sofa that was very decent.
A wardrobe that was getting very respectable.
I was close to being complete.
We are consumers.
We are by-products of a lifestyle obsession.
Murder. Crime. Poverty.
These things don’t concern me.
What concerns me are celebrity magazines, television with 500 channels, some guy’s name on my underwear. Rogaine. Viagra. Olestra.
I say never be complete. I say stop being perfect. I say let’s evolve. Let the chips fall where they may.
The things you own end up owning you.

Ndlr : c’est clair, non ?……………………………………… ! ! ! non ?
...
...
Merci encore, Alex.

mardi, janvier 17, 2006

SEVEN-DAYS-IN-INDIA (I/II)

7-14 janvier 2006
Mumbai - Pune - Delhi - Chennai


Un bruit lourd et un peu étouffé, comme celui que ferait une grosse cuillère en bois en heurtant le fond d'une casserole encore pleine de soupe. Un cri rauque, guttural mais aigu, qui vient du fin fond de la gorge, peut-être même de l'estomac. Et puis plus rien. Je tourne lentement la tête vers Ahn, un ami coréen en poste à Chennai pour un équipementier automobile coréen. Il continue à regarder devant lui, la nuque de son chauffeur, peut-être. Aucun de nous trois ne s'est retourné, je vois dans le rétroviseur intérieur les yeux du chauffeur indien qui à deux ou trois reprises essaie de connaître la fin de l'histoire. On vient d'écraser un chien. Un jeune chien, peut-être un an, pas plus. Il traversait la chaussée en diagonale, d'une manière nonchalante, le chauffeur a ralenti, pas assez. On était en retard, l'heure tournait, le chauffeur avait voulu tenter au flair une route pour nous ramener sur Chennai après avoir visité un ancien temple du XIIème siècle, pied nu et costard. On avait pratiquement rejoint l'autoroute que l'on pouvait enfin apercevoir là-bas sur la droite, après s'être longuement perdu dans la campagne, traversé des villages faits de rien ou presque, des huttes recouvertes de branchage, des routes défoncées, notre Hyundai qui ne dépassait pas le 20km/h, le chauffeur qui tapotait nerveusement sur son volant, mon ami qui par moment récitait de longues phrases en coréen, sûrement pas des compliments. Et la chaleur.

J'ai de la peine pour ce chien. Et j'en ai aussi beaucoup pour la petite fille aux beaux yeux qui ne le prendra plus dans ses bras le soir. Une petite fille qui n'avait probablement rien, sauf peut-être l'affection de ce chien.

Je termine ma semaine en Inde par cette expérience abrupte et pleine d'immédiateté. Dans ce pays où la vie n'a pas d'importance, parce qu'au delà d'un milliard de personnes, qui ou qu'est-ce qui peut bien avoir de l'importance ? 84.000 divinités répertoriées, 18 langues officielles, 16.000 dialectes, des religions, des castes, des communautés. Des vaches sacrées, des éléphants peinturlurés, des chèvres et des cochons, des enfants à moitié nus, des femmes éclairantes de beauté, certaines très éclairées ("tu devrais regarder 'être et avoir' c'est un très bon film" me conseillera l'une d'elle en français lors d'un dîner). Shiva est la première des divinités vénérées en Inde. Shiva, c'est le danseur dans son grand cercle, loin devant Vishnu qui se repose à l'ombre des cinq serpents. Un Dieu qui danse. Moi qui le prenait et le prendrait toujours pour une fille. On est loin du Gérard Majax cloué sur sa croix. C'est clairement plus facile et certainement salvateur, dans un tel monde, de démarrer la journée avec une image nettement et tellement plus positive.

The symbolism of Shiva (Siva Nataraja) is religion, art and science merged as one. In God's endless dance of creation, preservation, destruction and paired graces is hidden a deep understanding of our universe. Bhashya Nataraja, the King of Dance, has four arms. The upper right hand holds the drum from which creation issues forth. The lower right hand is raised in blessing, betokening preservation. The upper left hand holds a flame, which is destruction, the dissolution of form. The right leg, representing obscuring grace, stands upon Apasmarapurusha, a soul temporarily earth-bound by its own sloth, confusion and forgetfulness. The uplifted left leg is revealing grace, which releases the mature soul from bondage. The lower left hand gestures toward that holy foot in assurance that Siva's grace is the refuge for everyone, the way to liberation. The circle of fire represents the cosmos and especially consciousness. The all-devouring form looming above is Mahakala, "Great Time." The cobra around Nataraja's waist is kundalini shakti, the soul-impelling cosmic power resident within all. Nataraja's dance is not just a symbol. It is taking place within each of us, at the atomic level, this very moment. The Agamas proclaim, "The birth of the world, its maintenance, its destruction, the soul's obscuration and liberation are the five acts of His dance."

De l'aube au crépuscule, la vie c'est la rue; la rue, c'est la vie. Tout y grouille, comme des têtards multicolores qui cherchent un sens à aujourd'hui, et seulement aujourd'hui. Demain c'est loin. Des voitures, des vélos, des motos, peu de casques, des charrettes tirées par des vaches, des vaches tout court, des camions, des bus, tout ce monde dans les deux sens, dans le bon sens et à contre sens, peu de marquage au sol, sur des routes bordées et débordées d'ordures, ponctuées de panneaux de signalisation tordus, de feux bancals, de publicité pour Coca-Cola. Les sens n'ont aucun sens. Aucune importance: 80.000 morts par an sur les routes. Mais le plaisir des sens, les bruits, les odeurs, et les couleurs. Surtout les couleurs: l'Inde, le pays où les femmes sont couleurs, drapées dans leur Saari, magnifiquement dignes. Le pays où la pauvreté est couleur aussi. 80% de la population gagne moins de 2 dollars par jour. A Mumbai, 15 millions de personnes dont 60% dans des bidonvilles. Ils seront 25 millions en 2010. Soit 10 millions de pauvres de plus, car comme dans toute démocratie qui se respecte, seuls les riches s'enrichiront. Et ça les riches l'ont sûrement déjà bien compris.

A choisir, j'aurais préféré que notre chauffeur écrase un américain plutôt qu'un chien. Comme celui à qui je prêtais du feu à la sortie de la navette entre les aéroports domestique et international de Delhi, une navette ou l'on entassait sans distinction les voyageurs et leurs bagages. "I work for Dell Computers" me dit-il. "Do you have any manufacturing sites in India ?" Lui demandais-je. "No, but we employ 9.000 people in this country. We have our call-centers here, and all of our softwares development. Cost is very important for a company like ours". Reprise de volé dans la surface de réparation: "it means 9.000 jobs flying away from US...!?" lui lançais-je. "Productivity is also better here" conclut-il. Je luis fait alors une passe: "Indian people you employ are also well paid thanks to company like yours...". Et lui de donner les chiffres: "Yes, they make between 5.000 and 8.000 USD per year depending on how long they've been working for us". Globalisation: ironie cynique du XXIème siècle, où le seul objectif valable d'aider au développement de pays moins avancés n'est absolument pas poursuivi. Réduction des coûts. Multiplication des coups. Au moral. En en parlant avec une indienne, trouvant géniale la globalisation en marche, je lui demandais d'imaginer le jour où, quand elle passerait un coup de fil à un service quelconque, quelqu'un basé au Laos lui répondrait, et quand elle ferait ses courses au supermarché du coin tous les produits seraient badgés 'Made in Cambodia'. J'ai lu dans ses yeux qu'elle venait de comprendre quelque chose.

L'Inde reste encore très proche de l'image floue et mélancolique que je garde des films de Fritz Lang "Le Tigre du Bengale (1958)" et "Le tombeau Indou (1959)". L'Inde est humaine, les indiens sont respectueux, gentils, et une flamme autre que celle de l'argent brille au fond d'eux. Rien à voir avec les chinois, aigris et déjà mentalement pervertis. J'ai presque envie de croire que les indiens sont heureux. Eux. Et tellement encore loin, me semble-t-il, de ce que nous sommes devenus: (transcrit de 'Fight Club', un prochain papier suivra):

"Like so many others, I had become a slave to the Ikea nesting instinct.
If I saw something clever, like a little coffe table in the shape of a yin-yang, I had to have it.
I’d flip through catalogues and wonder « what kind of dining set defines me as a person ? »
I had it all. Even the glass dishes with tiny bubbles and imperfections, proof that they were crafted by the honest, hard-working, indigenous peoples of…wherever."

J'atterris à Roissy à 5h45 du matin le samedi 14 janvier 2006. Je lutte contre le sommeil pour honorer un rendez-vous avec mon banquier à 9h00, histoire de l'engueuler sur la médiocrité du relationnel client à la BNP. J'apprendrai au cours de la conversation, riche d'enseignements pour lui, que quand vous les appelez sur leur 0.800, vous parlez avec quelqu'un quelque part en Afrique du Nord.

Faut-il aussi écraser les français ?

vendredi, décembre 16, 2005

SNAKE-FIGHTING-LIFE

Une adresse.

Postale.
La votre, votre adresse postale. Envoyez la moi, si vous souhaitez recevoir FOC (Free of Charge) le CD mis au point par Voiker pour entamer sereinement l'année 2006. Un petit puzzle musical très personnel.


Snake Fighting Life - 2006 Mind Attitude - Mind Altitude (Artwork click HERE)
Produit comdab par la filiale terrestre de Questionable-Things Production, d'ailleurs la seule agence avec des bureaux sur Hypérion capable de capter Radio Nova.

Pour recevoir le CD, click HERE.
Le seul prix à payer: vos commentaires après écoute.
END OF TRANSMISSION -----

mardi, décembre 13, 2005

SILENT-HILL-POSTER-CONTEST

Un concours anodin. Auquel j'aurais bien participé, mais qui n'est accessible qu'aux humains résidants sur le sol américain. Réaliser le poster promotionnel du film Silent Hill qui sortira en avril 2006, avec tous les supports et une charte graphiques qui vont avec et qui sont téléchargeables sur le site de Sony Pictures. Et un réglement à respecter. Un réglement et des consignes. 'Guidelines' en Anglais.

Interdictionnellement votre:
1. No nudity or sexual activity
2. No gun to camera/no shooting to camera
3. No gun to victim/no shooting to victim
4. No more than 2 guns may appear
5. No reference to drugs/drug paraphernalia
6. No offensive language or gestures
7. No blood
8. No violence towards women
9. No cruelty to animals
10. No mutations/mutilations/cadavers
11. No excessive violence or brutality
12. No rape/molestations
13. No people on fire
14. No people in explosion/people blown out of explosion
15. No exploiting/capitalizing on rating (i.e., "R has never gone this far", "Banned in Boston")
16. No demeaning of religion, race or national origin


Eviter d'ouvrir les portes sur des commentaires croisés, du style (8) x (9) = " violence acceptable sur les animaux, et cruauté permise sur les femmes, alors ?" ... pourquoi les femmes, d'ailleurs, et pas les enfants ?

Impossible de ne pas lire entre les lignes les fondamentaux de la société américaine d'aujourd'hui: la civilisation pseudo-puritaine, criminelle, droguée, armée, post-traumatique du nine-eleven (pas de personnes dans des explosions, pas de personnes en feu).

"Just Don't show who we are..."

Cette civilisation américaine today, c'est:

Pour les violences criminelles:
un meutre toutes les 32,6 minutes
un viol toutes les 5,6 minutes
un vol toutes les 1,3 minutes
une agression sérieuse toutes les 36,9 secondes

Pour les violences contre les biens:
un vol de voiture toutes 25,5 secondes
de la casse toutes les 14,7 secondes
un larcin toutes les 4,7 secondes



Des statistiques qui sortent d'un site pathétiquement extrèmement bien fait disponible au FBI: Click HERE
Tellement détaillé, précis, concis.
Tellement américain.
Pour tout savoir sur qui tue qui, avec quoi, où, quand et pourquoi.
Le Que-Sais-Je du Cluedo, quoi.

jeudi, décembre 08, 2005

CYBERDISSIDENT

Un PDF à downloader.

Tout comprendre sur le pourquoi du comment du blog.
Le Guide pratique du blogger et du cyberdissident, conçut par Reporters Sans Frontières: "Les blogs passionnent, inquiètent, dérangent, interpellent. Certain les méprisent, d’autres les tiennent pour les prophètes d’un nouvelle révolution de l’information".

Extrèmement complet.
END OF TRANSMISSION -----

jeudi, décembre 01, 2005

EN-TEMPS-DU

Je passe beaucoup de temps dans ma voiture pour aller et revenir du boulot. sans que ceci n'en soit un, de passe-temps. Après écrémage de mes différents voyages sur les ondes hertziennes, je conseille à ceux qui naviguent sur le périphérique parisien et ses affluents le menu suivant, qui instruit, et non détruit le cerveau:

- le matin, jongler entre OUI (FM 102.3) et NOVA (FM 105.9). On ne fait pas mieux. Je conseille surtout NOVA avec 'un autre matin est possible', la façon minimaliste dont les infos sont présentées, ainsi que la rubrique '2035' et les reportages de Brice Lee.


- Toujours le matin, s'arranger pour tomber sur le 'côté culture' de Vincent Josse à 7h24 sur France Inter dans le 7/9.

- Enfin, ne pas hésitez à se promener sur NEO (FM 95.2) quand la langue française chantée vous manque. Question langue française, ne pas râter la chronique 'Le mot de la fin' d'Alain Rey à 8h55 toujours dans le 7/9 de France Inter.

Le soir je "plus-que" conseille les émissions de Daniel Mermet sur France Inter à 17h00 dans 'Là-bas si j'y suis'. Enchaîner ensuite après la pause info avec 'Charivari', l'actu bouquin (et cinéma) de Frédéric Bonnaud de 18h15 à 19h00.

En fin de journée, si vous êtes gavé par une journée de travail, RMC est incontournable pour suivre l'actu du foot.

Tout ceci dit, je vous livre ci-dessous mes notes de radio, ces phrases lachées sur les plages hertziennes, que j'ai aimées au cours de l'année, et que j'avais notées:

- "Les gens accumulent les malheurs. Ils sont fabricants de malheur"
- "On n'arrive jamais pour les raisons qu'on avait de partir. On ne revient jamais pour les raisons qu'on avait de s'en aller"
- "Plus la ligne de chance sur la main est courte, et plus la ligne de métro pour se rendre au boulot est longue"
- "Evoquant Jésus marchant sur l'eau pour traverser le lac, Buddha aurait sûrement dit préférer donner une pièce au passeur pour le faire traverser et garder les pieds secs. Toujours privilégier le sens pratique qu'elle que soit la situation"
- "Capitalisme crasseux"
- "Au siècle dernier, i y avait moins de pollution lumineuse et de télévision, on voyait beaucoup plus les météorites"
- "Le détournement des cadavres est le passe-temps favori des proxénètes de la mémoire"
- "Rires et pleurs sont frère et soeur"
- 'Sibérie' vient de la langue mandchoue et veut dire 'territoire endormi'


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